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EMBARQUEMENT IMMEDIAT...
9 janvier 2010

Le silence apaisant...

" Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence."
Euripide

Rien ne sert de vouloir remplir l'espace par des mots si l'on sent bien que ceux-ci n'apporteront rien à l'instant qui passe en silence dans le temps.
Il y a des silences qui traduisent bien mieux tout ce que l'on ressent qu'aucune parole ne pourra jamais le faire...
Le silence est un langage certes compliqué à bien interpréter, mais il peut parfaitement correspondre à l'intensité du moment... Rompre un silence juste pour poser du bruit dessus est parfois à la limite de l'irrespect...

Le silence a parfois vertu d'apaisement, quand il permet de faire place en soi aux véritables sensations que l'on ressent.
Il n'est pas gênant quand il ne se sent pas gêné. Là où le silence est blessant c'est quand il est volonté de mutisme pour opposer au dialogue un mur d'opposition silencieuse...
Le silence est parfois ce que l'on partage le mieux quand l'émotion qui relie est au-delà de tout ce que l'on peut dire.

Le silence fait peur parfois. On vit à une époque de bruit (et de fureur) et de surstimulation sensorielle qui nous éloigne dangereusement de notre état naturel.
La nature est faite de sons et de silence, d'ombre et de lumière, d'obscurité et de couleurs.
Pourquoi devrions-nous avoir une communication basée principalement sur l'échange verbal ?...
Il  y a bien d'autres modes de communications sensoriels qui permettent de véhiculer les messages qu'on a à délivrer à notre entourage...
Peau à peau, autant que mot à mot, naturellement le dialogue se fait, silence ou parole n'y apportent que des détails supplémentaires, pas toujours nécessaires...
La communication verbale a d'abord été informative avant d'entrer dans le relationnel et le social... Les évolutions de la vie ne doivent pas nous faire oublier sa réelle valeur.

Le silence a ce pouvoir d'apaiser les tensions relationnelles quand la parole est difficile, et permet de recentrer l'importance des choses à dire... ou à taire... parce que toute vérité n'est pas bonne à dire pour l'oreille qui n'y est pas préparée, et pour le cœur qui cherche ses repères dans un univers éprouvé ou éprouvant.
A préférer le silence, quand les mots se cherchent sans se trouver, on court tout de même le risque de l'interprétation aléatoire malencontreuse qui peut briser bien plus que la maladresse verbale...
Entre deux maux, on tente toujours de choisir le moindre, mais on ne sait pas vraiment quel est le moindre quand on rebondit sur deux alternatives comme une balle de flipper incontrôlée ,qui tilte à tout va sans trouver sa balise gagnante...

Le silence n'allume aucun warning quand il s'installe naturellement...
C'est seulement quand on hésite entre le silence et les mots que l'importance de l'instant est mesurable et pesante, et qu'il faut savoir si les mots qu'on trouvera seront plus forts que ce silence ou s'ils tomberont comme un couperet...

.............. ............

Les Ponts du langage...

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13 août 2009

Au pays des vaches, de l'herbe verte et du temps qui passe...

plan_d_eau_aout_2009_040

 

          " C'est un trou de verdure où chante une rivière,
           Accrochant follement aux herbes des haillons
           D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
           Luit ; c'est un petit val qui mousse de rayons. "

Arthur Rimbaud, Octobre 1870


On ne choisit ni sa filiation ni son lieu de naissance...
C'est au hasard des contractions de notre premier nid, que nous naissons ici ou là...
Moi je suis née dans ce trou de verdure...
Un trou de verdure un peu paumé, il faut bien l'avouer !...
Toujours un peu à l'écart et toujours un peu en retard sur les progrès de la culture et de la civilisation...


 Il était une fois... ......  L.W...

14 août 2009

Les bourrasques du temps...

Le temps nous transporte sur son cours pas toujours tranquille, et nous ballotte...
Il nous fait voyager d'un point à un autre de son déroulement, mais pas toujours de façon très linéaire...
On se sent parfois comme une balle de ping-pong qui rebondit dans une globalité temporelle aléatoire, qui nous projette à l'avant, et puis, comme une vague qui se retire soudainement, nous ramène en arrière...

Le temps qui passe est chose bien étrange en définitive...
Peut-être l'homophonie entre le temps qui passe et le temps qu'il fait n'est-elle pas totalement fortuite, et l'on pourrait comparer l'allure du défilement de notre temps au climat...
Ainsi pourrions-nous peut-être mieux nous préparer à essuyer les bourrasques du temps qui s'emmêle...

Oui, c'est cela...
Nous ne vivons pas dans un temps défini mais dans un climat temporel sujet à toutes les intempéries... Et nous restons, comme devant les éléments, de tout petits bonshommes qui s'abritent, se débattent et s'abandonnent aussi, aux caprices du temps...

Le temps qui passe... est champ qui s'élargit, même quand on croit voir l'horizon se rétrécir.
C'est la magie des rebonds indécis et imprécis de nos petits bouts d'instants qui s'enchainent, comme des perles uniques sur un long fil de vie...

... ...  L.W...

 

" La vie telle une journée a sans cesse ses périodes de nuage et de soleil."
Auteur Inconnu


16 janvier 2010

Reajuster au besoin...

" Il faut tenir à une résolution parce qu'elle est bonne, non parce qu'on l'a prise."
La Rochefoucauld

Une résolution découle d'une décision prise, à un moment ou à un autre, que l'on érige en règle de conduite ou d'action, parce qu'on la juge la meilleure possible au vu d'une situation et des éléments qu'on a entre notre possession.
Toutefois, personne ne détient la vérité absolue, et rien ne sert de s'entêter à garder une ligne de conduite arrêtée selon ce principe défini, si l'on s'aperçoit que la résolution en question n'est ni juste, ni légitime, ni fondée...
Toute idée de remise en question d'un principe ou d'une décision, pointe la relativité de celle-ci...

Les principes sont faits pour être remis en cause, sinon ils ne sont que prisons mentales, qui délimitent la vie de champs d'impossibles, plutôt que de l'ouvrir vers ceux des possibles...
Qu'une résolution prise soit juste, même difficile, et il est tout à fait honorable de s'y tenir.
Qu'une résolution soit mauvaise, et qu'on s'y astreigne pour ne pas se renier dans ses certitudes fumeuses, ne témoigne par contre, d'aucune force de caractère, ni d'aucune sagesse d'esprit...

Le problème ne se pose cependant pas en ces termes... il est tellement difficile de savoir à temps, si l'on choisit en toute objectivité et en toute connaissance, de suivre le meilleur chemin qui s'offre à nous...
Peut-être que la qualité la plus utile à développer est la souplesse : souplesse d'esprit qui nous permet de pouvoir reconsidérer et réajuster ses positions au gré des situations auxquelles on est confrontés : aucune réponse ne peut être adéquate si elle dérive d'un automatisme de réaction plutôt que d'une réflexion s'appuyant sur des faits réels...

Nous avons tous besoin de faire nos propres erreurs, de prendre nos propres mauvaises décisions et nos propres "claques" pour mesurer la partialité de toute chose en ce monde... ça nous aide à "grandir"...
L'essentiel est de ne pas camper sur ses positions envers et contre tout pour ne pas... "perdre la face", parce que garder cette "face" quand elle ne nous sied d'aucun point de vue, est non seulement stupide, mais peut s'avérer coûteux...
Il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis, non ?...
Evidemment que ce proverbe idiot concerne toujours les autres... mais il est tout de même utile de se l'appliquer à soi-même, quand on se sent un peu obtus dans son ouverture d'esprit, et un peu coincé dans son regard sur la vie...

Une bonne façon de tester la validité d'une résolution qu'on a prise est de rembobiner un peu le temps, et de se remettre dans le contexte de la prise de décision.
A ce moment, deux hypothèses : l'une conduira à reprendre la même décision sans rien y changer, parce que manifestement il n'y en a pas d'autre possible...
L'autre hypothèse peut conduire à de légères modifications ou adaptations de la résolution prise parce qu'on aura plus d'objectivité qu'au moment où l'on a dû prendre cette décision, ou que tout simplement le champ émotionnel étant plus serein, on pourra mener une réflexion argumentée différemment, et sentir avec son cœur plutôt qu'avec sa colère, son orgueil, sa douleur ou ses préjugés, ce qui nous convient le mieux...

Quelque part, ça vaut le Principe du Vide... rapporté au champ intime de la personne...

... ...

Les passeurs.com...

24 janvier 2010

Destin... Je te tiens, tu me tiens...

" Le destin n'est pas une question de chance. C'est une question de choix : il n'est pas quelque chose qu'on doit attendre, mais qu'on doit accomplir."
William Bryan

Il y a parfois des évènements qui surviennent soudainement, et qui semblent vouloir forcer nos choix...
Ma philosophie du "Tout arrive toujours au moment opportun" est toutefois complètement en accord avec cela, dans la mesure, où elle sous-tend effectivement qu'on a quelque chose à accomplir, qu'on en est conscient, et qu'au moment où nous sommes invités par la vie à faire un choix, c'est qu'on est arrivés à un instant-clé, sur lequel vont pouvoir se caler de nouveaux pas qu'on a à accomplir vers notre "destin"...

On n'attend guère le "moment opportun", mais quand il se manifeste, on sait que c'est lui... et on réévalue alors sa situation, sa position et sa détermination à continuer à avancer.
Bien sûr, on n'est pas toujours sûr de nos choix... Parfois même on a l'impression de ne pas pouvoir choisir, mais c'est une illusion, parce qu'on a toujours au moins un choix, ce choix radical de continuer à vivre ou de mourir...

Attendre le destin... ça ne veut rien dire du tout...
Qui plus est, le destin ne se dessine que d'après nos critères d'observation :
"Le destin de la Seine est-il d'arroser Paris ou bien d'aller à l'Océan ? " (François Mitterand)

S'interroger sur son "destin", c'est avant tout s'interroger sur ses désirs, et l'écart existant entre ceux-ci et la vie qu'on ressent...

--" Vous croyez aux miracles Mademoiselle ?
-- Pas aujourd'hui, non." disait Amélie...

... ...

1)Le fabuleux destin d'Amélie Poulain...

2)Culte...

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28 janvier 2010

Pause Effervescence...

" J'ai tellement à faire aujourd'hui que je vais devoir méditer deux fois plus longtemps. "
Gandhi

L'idée peut paraître paradoxale, pourtant pris dans un tourbillon de priorités à gérer, lâcher prise sur "l'urgence" du moment, c'est s'y préparer beaucoup plus efficacement qu'on ne le croit...
Quand on est dans un environnement calme, avec un emploi du temps qui ne surmène ni notre organisme ni notre mental, la gestion est facile : c'est dans les moments où l'on doit mener plusieurs tâches à la fois en un minimum de temps qu'une tension se crée...

Méditer permet d'abord, un relâchement physique, une relaxation... Un corps en état de stress, ce sont des tensions, des muscles contractés, un rythme respiratoire anarchique et une élévation de la pression artérielle... entre autres...
Dans de telles dispositions, comment le corps peut-il être performant ?...

Méditer permet d'évacuer le stress, et par rebond de se distancier émotionnellement de l'emprise des circonstances et de l'interprétation qu'on en fait... Le simple fait de se mettre en état de relaxation, c'est-à-dire de modifier ses ondes cérébrales donne la possibilité au cerveau de fonctionner de manière plus harmonieuse, par le détachement ainsi créé : l'imagination, la créativité, l'abstraction comme la conceptualisation sont libérées des pensées parasites qui soustraient à notre vue tout un champ de possibles et de possibilités...
Méditer, se retirer du mouvement, n'est pas un acte d'enfermement, mais bien un acte d'ouverture...

Méditer permet une reconnexion avec soi-même...  Prendre du recul est impossible quand on est dans l'action et l'urgence : s'arrêter un instant, en étant pleinement conscient que cet arrêt en mode pause ne met pas du tout le monde autour de nous en danger, est une liberté à laquelle il faudrait résolument recourir plus souvent...
En effet, méditer n'est pas une "non action", mais bel et bien une force d'action qualitative...

La méditation a encore une image avec une connotation un peu trop "spirituelle" : personne n'est obligé de viser le nirvana !...
Non... Heureusement !...
Mais chacun devrait apprendre à s'arrêter de temps en temps, et à passer du mode opérationnel au mode "observationnel"... A la portée de tous... s'asseoir un instant, pas nécessairement en position du lotus, ni en tournant ses paumes vers le ciel... pas d'obligation de se raser le crâne non plus ni de porter un sari !...
Juste s'arrêter, se mettre à l'écart dans sa tête, du bruit et du mouvement, et cesser de remuer le flot de ses pensées...
Finalement un peu comme devant la télé... mais SANS la télé quoi !...

Ce qui freine l'accès et le recours à la "méditation", c'est tout le tintouin qu'on fait autour...
Méditer, après tout, c'est rien qu'un truc tout simple : ne pas chercher à penser, juste laisser les pensées, les sensations, les émotions nous traverser sans s'accrocher à aucune d'elles... Voguer tranquillement sur les flots du temps qui passe sans chercher ni à s'y inclure ni à s'y soustraire...
Juste être...
Il n'y a que dans cette expérience d'être, qu'on peut comprendre ce qu'est le "être à soi", étape obligatoire pour vivre un "être aux autres" un peu harmonieux... parce que ...

Sur quoi peut-on appuyer sa relation aux autres, si l'on ne sait pas avoir avec soi-même une relation apaisée ?...

Méditons...  ... Méditons...

30 janvier 2010

Jusqu'où ?...

" Dans l'amour, on n'ose hasarder parce que l'on craint de tout perdre ; il faut pourtant avancer, mais qui peut dire jusqu'où ? "
Blaise Pascal

Abreuvés par les "Ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours", forcément qu'arrivés à l'âge d'expérimenter soi-même l'affaire, on flaire un peu l'arnaque...
Les "toujours" ne sont pas toujours au rendez-vous et les "jamais" ne sont jamais là où on les attendait...
L'amour, en version radicale des contes des fées, on constate bien que c'est plutôt bancal, et qu'à l'usage et l'expérience, on est forcés de s'adapter, et de revoir tous les adverbes, et même la ponctuation qui rythme le cours de la vie...

Il arrive même qu'on devienne un peu frileux, un peu peureux... C'est pas qu'on n'y croit pas, ou qu'on n'y croit plus, mais on devient prudent : c'est pas facile de maitriser ses sentiments... comme les boomerangs, on les lance loin devant, et vlan ! des fois ils reviennent après avoir fait le tour de l'horizon, et nous frappent en plein où ça peut faire mal... au moment où on s'y attend pas...
Forcément qu'il y a de quoi devenir méfiant... On a beau s'escrimer à tirer des leçons, à étudier la technique, à essayer de tout contrôler... La vérité, c'est que personne ne sait jamais... et que ceux qui disent le contraire, c'est que des bonimenteurs...

En amour, il n'y a de vérité que personnelle... c'est comme pour le Pass Navigo, chacun la sienne... On a tous un portrait robot amoureux collé sur notre histoire, notre cartographie émotionnelle, et les zones définies dans lesquelles on veut bien voyager... et celles où on a peur de s'aventurer...
Quand on embarque, on valide tout ça, même à notre insu... On a ses itinéraires d'habitudes, ses stations de référence et ses places préférées pour voyager...
Tout peut très bien fonctionner, tant qu'on n'a pas à changer de ligne ou de train...
L'habitude c'est terrible, on s'end rend pas toujours compte, mais ça crée des automatismes... et les automatismes, ça sécurise... ça annule le besoin de réfléchir, ça libère de la peur et de l'incertitude...

Les circonstances comptent, suivant qu'on change de train de son plein gré, que celui-ci connaisse une avarie technique indépendante de toute responsabilité bilatérale, qu'on en tombe ou qu'on s'en fasse jeter... C'est sûr qu'on ne recomposte pas de la même façon en montant dans le suivant... et l'on n'interroge pas non plus pareillement ses habitudes et ses réflexes...
Il y a toujours un temps d'adaptation avant de s'asseoir dans un nouveau train d'habitudes... parce que, on est incorrigibles, on ne peut pas se passer de ce qui nous procure un sentiment de sécurité...

Un train qui roule, ça peut toujours dérailler... mais est-ce qu'anticiper cette éventualité, nous rend le voyage plus serein ou plus difficile, par la préparation mentale ainsi effectuée ?...
On n'est jamais sûr de l'horaire d'arrivée, mais décompter le temps qui passe aide-t-il le train à tenir ses promesses ?...
Les "probablement" et les "peut-être", les beaux paysages qui défilent sont des éléments du voyage, ne nous invitent-ils pas mieux à la rêverie et à la détente que les angoisses de claustrophobie et d'intempéries ?...

Jusqu'où ?... Jusqu'où vont les chemins de l'amour ?... Ils vont jusqu'au bout !... Ils vont toujours jusqu'au bout... Qu'on les borde ou non de "toujours" pour s'y sécuriser.
Ils ont leur propre géographie... et il n'y a rien à maitriser...

L'amour est fils de sentiment, et quand il devient grand... qui peut se targuer de pouvoir encore le commander ?...

... ...

1 février 2010

S'aimer d'abord...

" L'amour implique, avec l'amour de l'autre, l'amour de soi."
Scott Peck

L'amour... tout le monde en parle... et on abrite à son sens tellement de choses, sa lumière comme son ombre. On croit aimer quand parfois il ne s'agit que de s'agripper à quelque chose pour ne pas sombrer...
L'amour ne peut être reconnu que lorsqu'il n'est pas un besoin d'aimer, mais un "plus" qu'on met sur sa vie, et qui renforce ses couleurs...

On ne peut aimer que lorsque l'on s'aime soi-même, sinon ce que l'on à offrir est un maigre tribut : une dépendance affective ?... un désir de possession ?... une excuse pour rester prisonnier de ses peurs ?...
Si l'on ne s'aime pas soi-même, on est incapable de recevoir le retour de l'autre, le partage et l'échange sont alors impossibles...

L'amour renforce l'estime de soi. Si tel n'est pas le cas, soit il y a carence ou absence d'estime personnelle, soit il s'agit d'une relation cannibale, sur laquelle on pose ce mot dont on usurpe le sens...
La seule chose que l'on puisse apporter dans une relation d'amour, quelle qu'elle soit, c'est ce que l'on est... Si ce sont d'autres éléments qui prennent le dessus, on n'est pas dans le domaine de l'amour, mais dans celui du marchandage affectif...

L'amour est champ de liberté : on ne peut pas l'acheter, le négocier ou le fabriquer... Il nait de lui-même et s'auto gère, sans qu'il y ait grand chose à faire... pour ou contre...
L'amour feint est vite démasqué : ses intérêts le trahissent inévitablement au contact de la réalité quotidienne, car les efforts qu'il requiert font vite perdre haleine. "Aimer" par intérêt, ça n'est pas aimer, c'est troquer contre comédie sentimentale, son intégrité affective et se sentir ainsi plus haïssable qu'aimable...

L'amour est respect. Dans l'amour véritable, la notion de respect est un pré requis... et comment respecter l'autre si on ne se respecte pas soi-même ?...
C'est ce qu'on trouve aussi à la base du message du Christ "Aime ton prochain comme toi-même..." (versus "Aime-toi d'abord, l'autre t'aimera ensuite..." ?) La tendance générale est de croire que le message est qu'il faudrait aimer tout le monde, mais on en est loin... Aimer les autres comme soi-même, quand on a pour soi-même aucune estime, qu'est-ce que ça peut donner ?...
En s'aimant soi-même, on apprend à se respecter, à s'accepter, et à accepter sa propre imperfection et ses faiblesses, ainsi peut-on plus facilement accepter celles des autres aussi...
L'amour de soi ouvre à la tolérance, et la tolérance permet de rencontrer l'autre en toute sérénité...

L'amour est une graine qu'il faut planter en soi d'abord pour pouvoir le ressentir vraiment... et s'émerveiller de le voir grandir et se déployer vers l'extérieur...

... ...

7 février 2010

Profitons de la vie...

Totem Tantra du Nord de l'Inde... à méditer... glané sur le net...

"Mon ami ouvrit le tiroir de la commode de son épouse et sortit un petit paquet enveloppé de papier de soie : "Ceci, dit-il, n'est pas un simple paquet, c'est de la lingerie." Il jeta le papier et observa la soie et la dentelle : "J'ai acheté ceci la première fois que nous sommes allés à New York, il y a 8 ou 9 ans. Mais elle en l'a jamais utilisé. Elle voulait le conserver pour une occasion spéciale. Eh bien, je crois que c'est le bon moment justement."
Il s'approcha du lit et rajouta ce paquet à d'autres choses que les pompes funèbres emmèneraient.
Sa femme venait de mourir...
En se tournant vers moi, il me dit : "Ne garde rien pour une occasion spéciale, chaque jour que tu vis EST une occasion spéciale."

Je pense toujours à ces paroles, elles ont changé ma vie.
Aujourd'hui je lis beaucoup plus et je nettoie moins...
Je m'assieds sur ma terrasse et admire le paysage sans prêter attention aux mauvaises herbes dans le jardin...
Je passe plus de temps avec ma famille et mes amis, et moins de temps au travail... J'ai compris que la vie est un ensemble d'expériences à apprécier.

Désormais, je ne conserve rien...
J'utilise mes verres en cristal tous les jours.
Je mets ma nouvelle veste pour aller au supermarché si l'envie m'en prend.
Je ne garde plus mon meilleur parfum pour les jours de fête, je l'utilise dès que j'en ai envie.
Les phrases du type "un jour..." ou "un de ces jours...3 sont en train d'être bannies de mon vocabulaire.
Si cela en vaut la peine, je veux voir et entendre et faire les choses MAINTENANT !...

Je ne suis pas tout à fait sûre de ce qu'aurait fait la femme de mon ami si elle avait su qu'elle ne serait plus là demain (un demain que nous prenons tous à la légère). Je crois qu'elle aurait appelé sa famille et ses amis intimes. Peut-être aurait-elle appelé quelques vieux amis pour faire la paix ou s'excuser pour une vieille querelle passée...
J'aime penser qu'elle serait peut-être allée manger chinois (sa cuisine préférée).
Ce sont toutes ces petites choses non faites qui m'énerveraient beaucoup si je savais mes heures comptées.

Je serai énervée de ne pas avoir vu certains de mes amis avec lesquels je devais me remettre en contact "un de ces jours..."
Enervée de ne pas avoir écrit les lettres que j'avais l'intention d'écrire un de ces jours...
Enervée de ne pas avoir dit assez souvent à mes proches combien je les aime...
Maintenant je ne retarde rien, ne repousse ou ne conserve rien qui pourrait apporter de la joie et des rires à nos vies.
Je me dis que chaque jour est spécial... Chaque jour, chaque heure, chaque minute est spéciale...
"

... ...

14 février 2010

La traversée de sens...

" Le plus beau voyage d'ici-bas, c'est celui que l'on fait l'un vers l'autre."
Paul Morand

La promiscuité n'appelle pas la proximité, et il y a toujours un chemin à faire pour se rencontrer les uns les autres, qui relève plus de la décision que du concours de circonstances : il y a, ou pas, cette envie de découvrir au-delà des barrières de la pudeur et de la réserve, ce que l'autre abrite en son être intérieur...
Il existe peu de gens dont on puisse faire le tour sans s'y attarder...

Le terme de voyage, dans cette "découverte-apprentissage" de l'autre, est bien choisi... on embarque effectivement pour une destination inconnue, on se confronte à des paysages particuliers et inédits... tout simplement parce que chacun voit du monde ce qu'il y cherche. Partager une vision autre que la sienne propre est une aventure toujours unique, et dont on ne peut rien en présager tant qu'on ne s'y laisse pas mener...
Peut-être le plus beau voyage, parce qu'au-delà d'une vision différente, l'expérience sensuelle enrichit notre propre façon de poser nos convictions sur la vie...
L'expérience sensuelle n'est jamais très loin quand on voisine sur le terrain de l'émotionnel...

Le chemin que l'on parcourt vers l'autre ne peut pas se concevoir de façon unilatérale, il y faut nécessairement une part de partage. On n'effectue jamais ce voyage en solitaire, parce qu'on ne peut forcer personne à nous inviter à sa découverte...
C'est bien le partage qui rend l'agréable du voyage...même si l'on ne sait jamais par avance l'état de la route, le temps du voyage ni ce qu'on y trouvera au bout...

L'essentiel c'est l'instant présent partagé, et l'abdication de toute rationalité pour se défaire de ses à-priori et de ses préjugés : le chemin vers l'autre est libérateur de soi-même, car il se fait dans l'acceptation de cette ignorance de l'instant futur et l'insouciance du gain final...

... ...

 

27 septembre 2009

Les promesses de l'amour ?...

" Un amant exceptionnel ne peut faire qu'un mauvais mari."
Michel Audiard

On ne sait jamais bien sur quelles bases se forment les couples.
Certains auront pour moteur des raisons bien réfléchies, d'autres s'allieront sur des affinités subtiles et utiles, d'autres encore utiliseront le catalyseur de la passion...
Chaque couple commence son chemin selon les modalités qui lui convient, et tend à se projeter sur l'avenir avec les cartes qu'il a en main... sans toujours être très conscients qu'à chaque tour de jeu, les cartes changent, et que la "pioche" nous réserve des surprises...
parce qu'il ne suffit pas toujours de s'aimer pour se supporter au quotidien pour le reste de la vie...

On n'attend pas non plus tous la même chose, ni de la vie, ni de l'amour... et selon les schémas avec lesquels on a grandi et expérimenté, certains seront plus enclins à rechercher le plaisir même éphémère de la vie, là où d'autres seront guidés plus sereinement par une nécessité de stabilité, avec ou sans plaisir de vie...
L'amour physique n'a pas la même importance selon les individus, selon le degré de sensualité possédé et recherché. Avec le temps nombreux sont les couples qui développent une tendresse quasi fraternelle et qui oublient que le corps aussi a son langage...

Les amants "exceptionnels" ne le sont que par les circonstances qui favorisent ce jugement...
Prenez cet "amant exceptionnel", plongez-le dans un bouillonnement quotidien, et laissez-le mijoter quelques années à temps libre bien encadré, ajoutez-y quelques enfants bien envahissants et quelques bonnes figures familiales douces amères, et attendez...
De deux choses l'une, ou bien vous obtiendrez un couple qui trouve un mode de fonctionnement global, c'est-à-dire, où chacun devient part d'un tout bien organisé, sans plus beaucoup d'identité et d'espace personnel dans lequel rester fidèle à ses aspirations...
Ou bien tout va finir par déborder parce que les promesses de la recette ne seront pas conformes aux attentes qu'on pouvait avoir d'après la photo qu'on s'en était faite... et le passage de l'état d'amant à celui de mari ne pourra jamais se réaliser...

On n'attend pas les mêmes choses d'un amant ou d'un mari non plus : avec l'amant on est dans une recherche de plaisir, avec le mari on est dans une recherche de construction. (Le masculin est employé par convention langagière mais on peut féminiser le raisonnement).
C'est "socialement" plus correct de s'inscrire dans une recherche de construction que dans une recherche de plaisir, parce que la norme a besoin de s'appuyer sur une certaine stabilité pour fonctionner et pour pouvoir édicter des principes généraux et aisément maitrisables...
Sur la recherche de plaisir, planent toujours les ombres du libertinage, parce que les modèles dominants nous veulent d'abord "reproducteurs" avant de nous vouloir "épanouis" dans toutes nos capacités d'être et de ressentir...

Nous ne portons pas tous le même intérêt au langage, qu'il soit oral... ou corporel...
Et qui peut bien se targuer d'avoir des leçons à donner en la matière ?...

                                                                 L'amour et sa légitimité...

Le temps de l'amour...

L'amant...

28 septembre 2009

Les limites de l'imagination...

" C'est étrange mais vrai ; car la vérité est toujours étrange, plus étrange que la fiction."
Lord Byron

L'imagination est un terrain de projection illimité : on ne peut ni la contrôler, ni la délimiter... Toutefois, sa grandeur et son ascendance dans notre vie ne sont pas identiques d'un individu à l'autre. Nous ne connaissons pas nous-mêmes, les multiples possibilités qu'elle est prête à nous faire entrevoir, si tant est bien sûr, qu'elle soit suffisamment sollicitée.

Pourtant, malgré son infinitude en puissance, on constate souvent que la réalité est encore plus infinie...
Notre imagination nous appartient, nous est personnelle, même si nous ne savons pas toujours comment l'utiliser ou l'explorer, et elle s'avère ainsi être moins vaste que la réalité, puisqu'elle prend sa source au fond de nous et qu'elle se met à notre service, alors que la réalité est une ressource collective qui fait entrer dans son jeu des facteurs et des acteurs, dont les composantes nous sont parfaitement inconnues...
De cette part d'inconnu, totalement incontrôlable, jaillissent ainsi des situations parfaitement imprévisibles, qui peuvent aller bien plus loin que tout ce que l'on pourrait imaginer...

"C'est incroyable !", "Inimaginable !"...
Des expressions que l'on entend à tour de bras, et qui tendent à prouver que l'on est tous médusés par la créativité de certaines situations, qu'on n'aurait pas su inventer seuls... mais que la vie nous donne à digérer...

Oui, définitivement, la réalité sait dépasser la fiction !...
Quand on imagine, on garde à l'esprit que notre cerveau pratique une élaboration possible, souhaitée ou fantasmée d'un aspect de la réalité, et nous savons qu'il ne s'agit pas de la réalité, que nous gardons le contrôle, même quand on croit laisser son imagination totalement libre de vagabonder, nous savons que nous pouvons à tout moment revenir à une réalité tangible, existante...
Alors que la réalité nous scotche par son inventivité, et est hors de tout contrôle...

Dans l'imaginaire, nous sommes forcément "actants", alors que dans la réalité, nous pouvons être aussi seulement "réagissant" ou "subissant" par contrecoup à un accès de réel déstabilisant...
L'imaginaire, paradoxalement, est le lieu de tous les contrôles...

L'imaginaire se nourrit de la réalité, bien plus que la réalité ne s'inspire de l'imaginaire... quoi que l'on puisse en penser. Même le domaine de l'art puise ses divagations dans la vie réelle. C'est par opposition à la réalité qu'on arrive au surréalisme par exemple.
La réalité est un repère. C'est ce repère qui nous permet une exploration différente d'après les représentations qu'on en a, et qui nous donne les moyens de re-création par une sorte de jeu de transposition...

Et la vérité, composante ordinaire de la réalité, ne s'invente pas... ne s'invente jamais, sans s'auto détruire instantanément... aussi étrange qu'elle puisse nous apparaitre...

En avant la musique !...


29 septembre 2009

Le Grand Echiquier...

" Autrui, pièce maîtresse de mon univers."Solitude
Michel Tournier

Si nous étions seuls au monde, aurions-nous la même conscience de l'existence ?...    
Comment nous représenterions-nous un monde, qui ne nous renverrait aucune image de nous ?...
Quel avenir pourrait-on concevoir sans les interactions répétées des autres dans notre vie ?...
Et qu'apprécierait-on de la solitude, si nous ne connaissions pas la compagnie d'autrui ?...

Autrui, pièce maitresse de notre univers... dont l'axe de rotation toutefois, se situe toujours autour de notre grand nombril...

......

2 octobre 2009

Aller au bout de l'envie....

" Le talent ça n'existe pas. Le talent, c'est d'avoir envie de faire quelque chose."
Jacques Brel

C'est bien l'envie, la motivation qui met à jour le "talent"...
Sans envie, on n'est rien du tout, juste des machines à respirer qui s'agitent entre deux plages de sommeil...
Sans envie, de quoi peut-on bien rêver, et quelle notion de but peut-on avoir ?...
L'envie, c'est c'est bien ça qui nous permet de mobiliser toutes nos énergies...
Les gens talentueux ne sont jamais que ceux qui vont jusqu'au bout de leurs envies... jusqu'à presque atteindre leur rêve... sans se préoccuper d'autre chose...

L'envie, l'envie véritable, flirte rapidement avec la passion... et la  passion donne des ailes...
Elle permet de s'affranchir du jugement porté par le monde, par les autres, parce qu'elle prend toute la place.
La passion, étymologiquement (du latin patior : souffrir, éprouver, endurer) renvoie à un ensemble d'états dans lesquels l'individu est passif, par opposition aux états dont il est lui-même la cause. Mais ce sens ancien est aujourd'hui dépassé, ou bien enrichi, par son entrée dans le domaine des émotions.
Si la passion peut parfois être destructrice et affecter l'individu au niveau psychologique en le livrant en proie à des émotions violentes et incontrôlables, elle peut aussi être un moteur surpuissant, qui anime d'une sorte de "feu sacré" et qui permet de dépasser bien des limites du possible imaginé, sans avoir besoin de la reconnaissance d'autrui pour exister.
Toutefois le sens ancien n'est pas si obsolète, parce que la passion nous possède plus qu'on ne peut la posséder : on ne décide pas d'être passionné... On peut décider de se passionner pour quelque chose, et donc s'y intéresser de près, mais ETRE passioné n'est jamais une décision, mais un constat que l'on fait...

La passion, l'envie jouent sur le registre émotionnel fort, et l'on sait qu'il est vain de croire que l'on peut dominer ses émotions. Le propre de l'émotion est d'être immédiate et hors de contrôle... c'est une sorte de perception d'un état de l'être, et non une action...
On ne rationalise pas non plus ses envies, c'est quelque chose qui vient de l'intérieur... cet intérieur si personnel, que nous-mêmes n'y avons pas toujours accès...

Le talent, c'est de savoir, et de reconnaître, que suivre nos envies nous libère du fardeau du "vivre utile" pour nous permettre de "vivre" tout simplement, en accord avec ce que nous sommes... Nos envies sont la résonance accessible de nos besoins proprement personnels et intimes pour apprécier chaque jour de la vie, et accepter en leur nom tout le reste...
Avoir envie de faire quelque chose, et tout faire pour concrétiser ces envies, c'est à sa façon changer le monde... parce que changer "son" monde a nécessairement un impact sur LE monde...

Alors prions pour que l'envie de faire quelque chose ne nous quitte jamais, afin de libérer un maximum de talent, et pousser ce vieux monde dans une autre direction que celle qu'il prendrait sans toutes ces conjugaisons de talents qui fleurissent un peu partout de par le monde...
L'envie de faire quelque chose est une pépinière créative qu'il ne faut jamais oublier d'arroser... et les freins rencontrés pour en atteindre le bout ne sont généralement pas aussi importants et insurmontables qu'on se l'imagine tant qu'on ne fait rien...

......

Juste des Mots Qui Nous Ressemblent...

3 octobre 2009

Entre nous...

" On devrait toujours écrire comme à un très vieil ami."
Jean Claude Pirotte

Quand on écrit à un très vieil ami, les mots prennent spontanément un chemin intimiste... On n'écrit pas pour convaincre, on ne se cache pas derrière les mots... On écrit juste pour se dire, on écrit "juste"...
Juste, dans le ton... Juste, on ne (se) ment pas...
Et cette écriture, qui vient et retourne au cœur, porte en elle une puissance infiniment plus grande que toute littérature travaillée...
C'est cette justesse de ton, cette intimité partagée qui est susceptible de toucher le lecteur... parce qu'on a tous besoin de sentir l'humanité de l'autre pour y prêter oreille attentive...
Si l'on peut parfois être admiré pour la force qu'on a développé, c'est toujours par nos fragilités que l'on touche...

Mais ce qui freine cette écriture, c'est l'auto-censure que dicte la pudeur...
La pudeur de soi, la pudeur des mots... il est difficile de mettre sur place publique tous ses doutes, ses peurs et ses blessures... et de s'exposer ainsi en confiance...
On projette toujours le jugement qui sera porté, on veut bien tout dire mais sans trop en dévoiler... parce qu'on n'aura jamais le monde entier en amitié...
Un vieil ami... ça prend du temps pour en arriver là...
ça prend du temps, de la confiance et beaucoup de mots...

D'expérience je sais, que les mots qu'on offre avec sa sensibilité tout à fait personnelle, et que personne d'autre ne pourrait construire de la même façon, ces mots jetés du fond de nous comme une confidence, et qui atteignent tout droit l'intimité de celui qui les reçoit en écho à ses propres détours, font véritablement mouche.
Quand le lecteur "reconnait" dans ces mots ce qu'il peut lui-même ressentir, inévitablement il est conquis.
L'identité d'écriture, comme toute identité est unique, et même en plagiant, on n'arrive jamais au même résultat que l'auteur qu'on veut imiter...

Mais on ne peut pas toujours écrire comme à un vieil ami... parce qu'on n'a pas envie de se livrer au monde entier... L'écriture comporte évidemment une part d'exhibitionisme, qu'on contrôle par les mots qu'on superpose les uns sur les autres... qu'on peut effacer, raturer, remanier... à l'infini...
Il faut la plupart du temps distinguer l'auteur et ses mots, c'est-à-dire la distance qu'il met entre lui et son écriture, comme une couche de protection...

Et puis il y a des moments, des instants dans lesquels on sent que notre force est dans nos fragilités... et d'autres où, fragiles, on tente d'exposer sa force pour s'auto-supporter et regagner notre propre confiance...
L'écriture est un jeu de miroirs où l'on ne sait pas toujours où se trouve le miroir et où se trouve le sujet...

Au jeu de l'écriture comme au poker, le bluff est un art qui se pratique sans culpabilité aucune...

......                                            les lettres perdues....

 

3 octobre 2009

Mélancomanie...

" Les moments très beaux sont toujours mélancoliques. On sent qu'ils sont fugitifs, on voudrait les fixer, on ne peut pas."
André Maurois

C'est pourquoi nous devons absolument faire de l'instant présent notre valeur première...
Parce que oui... le caractère fugitif du temps, c'est bien dans les moments les plus beaux qu'on le ressent. On sait qu'on ne peut jamais vivre deux fois le même instant, deux fois la même émotion, deux fois le même partage...
La fugacité du temps peut paraitre frustrante, si l'on n'a pas cette conscience de la nécessité d'apprécier l'intensité quand elle se livre à nous, quand nos sens en éveil nous permettent d'absorber le monde dans une bulle qui nous appartient...
Instants en forme de bulles de savons, dont on sait très bien qu' à un moment où à un autre, ils éclateront... et disparaitront...

La mélancolie n'est pas tristesse : la mélancolie cultive l'émotion, elle s'attache à garder en vie la force des intants passés, dont on ne regrette rien mis à part leur furtivité.
La mélancolie n'est pas négative, même si toutes les théories pseudo-psycho analytiques me contredisent à ce propos... Chacun sa vision des choses, et la mienne ne se décline pas en noir...
Le temps qui passe est chose normale, l'accepter sans chercher à le retenir ni à le regretter est bien le travail de toute une vie.
La mélancolie peut tout à fait être un sourire qu'on adresse au passé, sans qu'il ne fasse aucune tache sur l'avenir.

La mélancolie a été le grand "mal" des romantiques du XIXème siècle, qui se complaisaient dans un état permanent de non vie, en se focalisant un peu trop sur le "vécu" que sur le "vivant"... Mais qu'est-ce que ça peut bien apporter ?...
Les grandes lois de l'Esprit nous l'inculquent comme une évidence : seule l'acceptation de la réalité comme elle est, au moment et à l'endroit où elle est, nous permet d'apprécier à sa juste mesure notre vie.
Seul l'instant nous rend vivant... le reste n'est que passéisme ou conjecture...

Nous sommes tout à fait en droit de tourner les pages de notre vie à l'envers plutôt qu'à l'endroit... mais la lecture de l'histoire continue alors sans nous... et quand on y revient, on a loupé des chapitres... et peut-être parfois des chapitres importants, sans lesquels il est difficile de bien tout comprendre de la logique des évènements...
Et sans parler de logique, il est encore plus regrettable de s'apercevoir qu'on a loupé des épisodes plutôt que de regretter que le temps ait été si fugace dans nos jours passés...
Chaque jour qu'on passe sans le vivre pour ce qu'il est, est irrémédiablement un jour perdu...
Pourquoi perdre du temps à revivre du temps déjà usé, sorte de temps d'occasion bradé sur l'autel de nos souvenirs et de nos réminiscences, alors que s'ouvre à chaque instant une nouvelle ère à inventer ?...

Pour ne pas succomber à la face noire de la mélancolie, il suffit de donner le meilleur de soi à chaque instant dont on pressent qu'il est d'une importance particulière pour les notes souvenirs que l'on prend de sa vie...
La mélancolie ressenti précocement avant la fin de l'instant, est comme un aveu d'impuissance à se sentir maitre de nos vies...
C'est pourtant pas si compliqué... Si l'on ne veut rien regretter, il faut tout donner à l'instant...
Et si l'on ne donne pas tout à l'instant, alors ça n'est pas la peine de se lamenter après, nous sommes responsables de ce que l'on est, de ce que l'on vit, et de ce que l'on ressent : le temps n'y est pour rien, et porte trop facilement la casquette du bourreau...

La mélancolie peut très bien être aussi une lumière qui nous rappelle les beaux moments de la vie...

......                                   Droit Devant...

2 octobre 2009

Je Tu Il...

L'amour a des contours de géométrie variable
Quand les impondérables du sentiment tournent à l'imprévisible,
Et veillent à arrondir les angles au plus acceptable,
Quand les élans passionnés rendent l'amour illisible...
Les triangulaires du cœur bordent les jours et les nuits,
De tous ceux qui se font prendre au piège du hasard,
Qui unit et désunit sans crier gare,
Des cœurs et des corps qui s'appellent au fond de la nuit...

Je, Tu, Il ... qui passent d'un sommet à l'autre
Comme au jeu des chaises musicales,
Quand la musique du cœur s'interrompt au milieu de la côte,
Et donne à la construction un air un peu bancal...
Où est le "je", le "tu" ou le "il" qui s'installe
Au sommet d'une triangulaire d'incompréhension,
Au centre de laquelle se conjuguent toutes les passions...
Sait-on jamais où la vérité est la plus redoutable ?...

Le "Je" voyage sur les côtés de ses drames,
Le "Tu" qui se tait pour ne pas paraître discordant
Face à l'"Il" de volupté où se prennent tous les élans
Pour atteindre l'île qui trouble l'horizon à portée de rame...
Se faisant challenger obligé d'une figure inconnue,
A construire ou à déconstruire sans théorème à appliquer,
Sans formule magique pour continuer à savoir s'aimer,
Contre vents et tourments, aux quatre vents, brûlants et éperdus...

Qu'il soit isocèle, rectangle ou banalement sans définition,
Le triangle est la forme la plus instable de l'amour,
Et chacun à sa façon tente d'y tracer ses propres contours,
Seul moyen de réconcilier la géométrie du sentiment à l'unisson...
Si tous tentent d'y rester d'abord fidèles à ce qu'ils sont,
Beaucoup s'y perdent beaucoup plus que de raison,
En s'abandonnant sans rien vouloir abandonner,
En croyant pouvoir s'aimer de cette façon en pleine vérité...

L'amour n'a que peu de capacité d'imagination et de fraternité,
Quand il s'agit d'inventer des constructions à partager.
..

......                                             Géographie Intimiste...

5 octobre 2009

Les écrivains...

Les écrivains ont-ils encore quelque chose à dire ? (lien hyper pour lire l'article...)
article paru dans Le Monde le 6 octobre 2009


Je ne suis pas sure qu'aucun écrivain n'ait jamais eu quelque chose à dire...
A sortir peut-être... A sortir de lui, à extraire même parfois...
Quelque chose à dire ?... Mais les écrivains ne disent pas, ils écrivent, cela n'a rien à voir...
Le relation à autrui est moindre dans l'acte d'écrire même quand les mots qu'on écrit s'adressent à autrui, même quand l'implication émotionnelle est forte...

L'image que je vais employer est galvaudée, mais je vais la reprendre quand même.
L'écriture c'est parfois comme un accouchement, les deux peuvent prendre pour synonyme "délivrance" quand le processus s'achève...
On pourrait même faire un parallèle complet avec toutes les étapes pré et post accouchement, cette tension qui monte, jusqu'à l'expulsion et qui redescend.
Oui... l'écriture, ça peut aussi être tout ça, avec une durée de temps très variable d'une étape à une autre...

Il y a parfois les urgences, qui s'évacuent très vite... les graves, les moins graves, les relatives, les "qu'on veut garder en l'état", celles qui sont urgentes mais avec processus lent...
Chaque "cas" est différent, chaque personne est différente, et chacun change ses réactions au fur et à mesure de ses expériences, de ses connaissances et de ses motivations profondes...

Ecrire pour dire... ou écrire pour être lu ne s'inscrivent pas dans la même démarche...
La mélodie des phrases peut exister de la même façon, mais les mots seront différents suivant qu'on veut les transmettre par le biais d'une communication orale ou écrite : le style parlé passe mal à l'écrit (logique...) et le style soutenu parait un peu engoncé à l'oral...

Les écrivains n'ont rien à dire quand ils jouent sur les cordes romanesques ou artistiques pures, et c'est bien là leur véritable utilité et leur plus grand talent...

......

La Diagonale de l'Ecriture...

6 octobre 2009

Le 6 octobre...

" Le 6 octobre...

Chaque jour porte une date différente... Ouais je sais, je ne vous apprends pas grand chose...
Au fur et à mesure que le temps passe, certaines dates s'attachent à nous... ou nous à elles, je ne sais pas dans quel sens ça marche...
Ainsi sur les 365 jours de l'année, un certain nombre de dates revêtent plus d'importance que d'autres, parce que ces dates ne nous sont plus anonymes : elles nous évoquent quelque chose...
Ce n'est pas tant la chose évoquée qui se rappelle à nous, mais la date qui nous ramène à une évocation...

Pour moi, le 6 octobre, pendant longtemps, ça n'a jamais rien représenté...
Et puis un jour... il y a un 6 octobre qui s'est introduit dans ma vie, sans que je l'ai vu arriver...
Je m'en souviens très bien...
Je me souviens qu'il ne faisait pas trop froid...
Je me souviens que j'étais très fatiguée...
Je me souviens les lumières de la ville...
Je me souviens de cette grande cour carrée...
Et de ces déambulations nocturnes sous le ciel de Paris...

Paris, la nuit, ça a quand même quelque chose de grandiose quand la ville cesse de s'agiter comme une fourmilière...
Marcher dans Paris la nuit...
Des kilomètres de bitume j'y ai usé...
On ne peut pas marcher comme ça la nuit dans la campagne : il faut la ville, les lumières de la ville, les repères de la ville, le paysage de la ville... Alors Paris, c'est comme un petit bout de paradis pour les noctambules...

On sent parfois dans nos vies, ces petits moments-clés qui sont comme des charnières entre deux temps : il y a un avant et un après... différent, on est sur la bascule du temps, presque comme en stand by...
On sait que l'instant a déjà pris sa décision d'orienter différemment les plans de départ, mais on s'en défend... "

Les dates, c'est un peu comme des étiquettes qu'on colle sur le temps...
Comme ces post-it qu'on laisse parfois dépasser des livres pour marquer une page...
Les dates sont nos post-it souvenirs collés sur l'histoire de notre vie...
Nous ne commémorons aucune date : ce sont elles qui nous rappellent
.

......

Mettre les voiles...

10 octobre 2009

Sans titre... et sans faux reflets...

" Celui qui ne recherche que l'approbation de l'extérieur confie son bonheur entier aux mains de quelqu'un d'autre."
Olivier Goldsmith

Rechercher sans arrêt l'approbation des autres, c'est ne pas avoir confiance en sa propre capacité d'action et de jugement, non ?
Ce que l'on fait uniquement dans le but de recueillir l'approbation des autres n'est jamais fait dans le même état d'esprit que ce que l'on fait par conviction...

On ne peut pas vivre en quémandant l'approbation des autres pour exister, on ne peut vivre que pour soi, avec les autres...
On ne peut pas inconditionnellement toujours être approuvé, ou toujours approuver... on est de toute façon obligés, tous, de nous former nos propres échelles de valeurs, de référence, de jugement... plus on possède de références, plus la précision de jugement est aigüe.

En outre, on peut comprendre ce que toutefois, l'on approuve pas, ou approuver sans comprendre... aussi... parfois...
L'approbation de l'extérieur est toujours une combinaison très aléatoire d'un nombre inconnu de facteurs, qui s'entrecroisent à un moment... suivant l'humeur du jour et d'autres impondérables non prévisibles...

L'approbation des autres : c'est surtout une recherche de reconnaissance de soi...
sauf que... ce n'est surement pas dans la recherche de l'approbation d'autrui que l'on trouvera qui l'on est soi-même...
Pour savoir qui l'on est, ce ne sont pas les autres qu'il faut questionner... mais soi-même...
Même si ça fait vieillot, le "Connais-toi toi-même" de Socrate est toujours d'actualité...

... ...

L'apparence et la connaissance...

13 octobre 2009

Les sensations conceptuelles... et les autres...

" Les idées perdront toujours leur procès contre les sensations."
Antoine Rivarol

"C'est dans la tête !..." "Tout est dans le mental !..." "Hé, z-y vas ! Réfléchis !..."
On peut dire ce qu'on veut... n'empêche que...
N'empêche que les sensations sont toujours plus convaincantes que les réflexions...

Les sensations sont une sorte de retour du réel vers soi, c'est-à-dire ce que la réalité nous fait éprouver, dans l'instant, indépendamment de ce que les idées pouvaient en avoir tracé comme images.
Ainsi, les sensations sont-elles nécessairement plus proches de la "vérité", dans la mesure où elles sont "reçues" plutôt qu'orchestrées, à l'inverse des idées qui elles, précèdent (ou suivent) les sensations...
Les sensations nous manipulent comme nous manipulons nos idées...
Lesquelles sont transportées?... Et lesquelles nous transportent ?...

Les sensations sont les émotions de l'instantané, en prise directe avec la réalité du moment.
La sensation est première... c'est elle qui va permettre la perception...
Quelque part les sensations relèvent du "stimulus-réponse", du réflexe, de l'instinct...
Les sensations sont une bonne part de notre "intuition", elles sont notre restant d'"archaïsme", le noyau dur commun à toute l'humanité...

Les sensations sont à la fois imprévisibles, hors de notre pouvoir de contrôle et de décision, instinctives et immédiates... Elles sont toujours une part d'inconnu qui nous accompagne tout le temps, partout où on va...
Elles illustrent la réaction réflexe qui est la nôtre avant toute autre réflexion ou extrapolation psycho pseudo intellectuelle...
Un jugement premier à l'état brut... que l'on ressent tellement plus intensément qu'un bon raisonnement...

Les sensations nous replacent à notre position d'être vivant "entier" possédant corps et âme, alors que la conceptualisation d'idées nous fait parfois oublier que le corps ne peut pas se limiter à un cerveau...
Les sensations sont ces piques de garde fous qui nous empêchent d'oublier la réalité de la vie...

5sens2

Les idées peuvent toutefois triompher des sensations...
"Tout est dans la tête..."
Mais que vaut le fait de "triompher" contre une part de "soi-même" ?...

......

L'écoute des sens...

11 octobre 2009

L'ombre et la Lumière...

[Grand Corps Malade]
Eté mil huit cent soixante-huit, quelque part dans l'Grand Ouest
Il a sauté sur son cheval pour disparaître en un geste
La porte du saloon claque encore ; dehors, le vent fouette la poussière
Lui, il galope vers son sort sans jamais r'garder derrière
Est-ce qu'il cherche ou est-ce qu'il fuit ? Est-il sûr ou incertain ?
Est-ce qu'il tente de rattraper ou d'échapper à son destin ?
A quoi ressemble son avenir ? Une évidence ou un mystère ?
Il se fabrique un empire, il est fait d'ombre ou de lumière

[Calogero]
De l'ombre ou de la lumière
Lequel des deux nous éclaire ?

Je marche vers le soleil
Dans les couleurs de l'hiver
De l'ombre ou de la lumière
Depuis le temps que j'espère
Retrouver dans un sourire
Toutes les lois de l'univers

C'est l'hiver en deux mille huit, quelque part à Paris
J'ai démarré la voiture pour échapper à ce temps pourri
La porte du café tremble encore ; dehors, la pluie fouette le bitume
A chacun sa ruée vers l'or, j'accélère à travers la brume
Puisque mon temps est limité, mes choix doivent être à la hauteur
C'est une course contre la montre ou une course contre la peur
C'est toujours la même chevauchée, on vise la lueur droit devant
Même si cette quête est insensée, je cours pour me sentir vivant

De l'ombre ou de la lumière,
Lequel des deux nous éclaire ?
On marche vers le soleil
Dans les couleurs de l'hiver
De l'ombre ou de la lumière
Depuis le temps que j'espère
Retrouver dans un sourire
Toutes les lois de l'univers


On court à travers les siècles, mais c'est toujours la même chevauchée
As-tu peur que la route s'achève ?
Mais cette course est insensée
As-tu mis un nom sur toutes les lèvres... les lèvres ?

De l'ombre ou de la lumière...
 

Pour écouter... ...

 

21 octobre 2009

"Love" for nothing...

" Savoir aimer, sans rien attendre en retour
Ni égard, ni grand amour (...)
Mais savoir donner, donner sans reprendre,
Ne rien faire qu'apprendre...
Apprendre à aimer...
"
Florent Pagny, Savoir aimer

On peut s'interroger sur la finalité de l'amour... son utilité... son but...
Il faut bien reconnaitre que l'amour inconditionnel reste quelque chose de rare...
Aimer juste pour aimer, sans rien projeter de soi, et sans avoir aucune attente à l'égard de l'autre n'est pas une inclination naturelle en général...
Pourtant, si on y réfléchit, il n'y a que cette façon d'aimer qui soit louable... et finalement équilibrante.

C'est quand on a dans sa tête, des projets ou des schémas préformatés, des vues bien précises sur ce qu'est l'amour, ce que l'on tend à exiger de l'autre en implication et en comportement, qu'on voit bien toute la difficulté d'être deux dans une histoire, où l'on ne joue pas toujours avec les mêmes cartes et les mêmes règles...
On ne peut être que ce que l'on est, et on ne peut donner que ce que l'on a...

L'amour, la "rencontre" avec l'autre, les ressentis, les sensations sont hors de notre champ de contrôle. Si l'on pose des "conditions", on tente donc de réglementer ce qui n'a de sens qu'au spontané. On en perd la valeur naturelle, spontanée et immédiate pour en dégager une ligne directionnelle le long de laquelle on contraint alors le sentiment.
Peut-on encore considérer l'amour comme une inclination "naturelle" si on lui dicte la forme et les modalités qu'il doit suivre ?...

Certes, la théorie peut paraitre facile... et la mettre en pratique peut sembler idéaliste. Or, un constat vient cependant appuyer cette théorie dans la mesure où ce qui suscite l'intérêt chez l'autre, ce qui est à la base de la rencontre, ce qui fait le caractère spontané et naturel de l'éveil du sentiment, c'est l'autre... l'autre tel qu'il est... En cherchant à modifier cette singularité qui nous attire, on prend le risque de modifier ce que soi-même on ressent...

Catherine Ringer s'est évertuée à nous le chanter : "Les histoires d'amour finissent mal en général", mais je ne partage pas son point de vue. Si les histoires, comme elle dit, finissent mal en général, c'est parce que chacun, enfermé dans ses chimères, tente de modeler l'autre à ses souhaits, ses désirs et ses illusions. Ce sont ces projections qui détruisent l'édifice, parce que l'on ne peut aimer et donner que gratuitement. Quand on commence à négocier des compromis et des demi-mesures, on rentre dans un commerce sentimental où chacun finit par calculer ses pertes et ses profits... jusqu'au jour où le bilan devient négatif d'un côté ou de l'autre... Ce sont surtout les attentes déçues qui font mourir ou pourrir l'amour...

Quand on fonde son sentiment sur l'inconditionnel, les histoires peuvent finir bien sûr, mais elles gardent la force du sentiment sans les regrets ni les remords... Quand on n'attend rien, rien d'autre que la reconnaissance de deux individualités, qui pourraient très bien se passer l'une de l'autre, mais qui choisissent toutefois de se côtoyer, le sentiment n'éveille aucune mise en danger de soi, aucun territoire à défendre ou à préserver, il n'y a qu'un terrain de partage à s'approprier...

L'amour inconditionnel est aussi la seule modalité qui permet le respect de l'autre et de soi-même... ...

Les ogres et les fontaines de la vie...

 

8 décembre 2009

Drapeau blanc... Feu !... Partez !...

" Le langage est la meilleure arme qu'on ait trouvé pour négocier sa place dans le monde."
Laurent Cantet

Le langage est négociation perpétuelle de la remise en jeu de notre place dans le monde...
C'est par le langage que nous traduisons au monde où sont nos frontières, nos rêves, nos envies...
Et le monde nous répond dans sa langue la réalité, le temps qui passe, et l'infini aussi...
Drôle de conversation entre deux inconnus en armure qui se mesurent...

Je négocie pas beaucoup ma place ici en ce moment... ni même ailleurs d'ailleurs...
Je crois que le silence, autant que le langage nous permet de négocier notre place dans le monde, parce que sans le silence de la réflexion qui le précède, le langage n'aurait pas cette précision de tir...
Le silence... ça permet de bien recentrer...

Et puis il y a tous ces mots "pour rien" qu'on échange aussi dans une journée : des mots gratuits !...
qui ne  servent à aucune négociation...
des mots pour ne rien dire, des mots utiles et d'autres non,
des mots imprévus, des mots surprenants,
des mots qu'on s'rappelle et des mots qu'on oublie...
des mots qu'en tous cas on échange dans notre vie, et qui à leur façon nous permettent de négocier notre place dans le monde, en tant que personne humainement en relation avec ses congénères...

Le langage, ça n'est pas que des mots, c'est aussi la façon dont on communique, l'écoute qu'on accorde ou pas, la volonté d'être compris ou pas, le désir d'échange véritable ou pas, etc...
Tout ça transparait dans le langage,
suivant si celui-ci s'exécute spontanément, c'est à dire sans se soumettre au filtre de la réflexion d'abord, ou de façon plus posée et réfléchie, c'est-à dire dégagée de l'émotionnel.

En forme de flèche ou de colombe, le langage nous ouvre un moyen d'accès au monde.
Chacun négocie selon ses armes, au poing, à l'arme lourde ou à  la flatterie...
Sans mauvais jeu de mot, tous les coups sont permis...
Mais si t'es touché, plein corps ou plein cœur, tu sors de la ronde...

Il faut faire bien attention que nos colombes ne se blessent pas à nos propres flèches... un lapsus est si vite arrivé... Les colombes sont au moins aussi utiles que les flèches...

... ...

30 décembre 2009

Gagner sa vie ?...

" Il n'est pas d'erreur plus fatale que de perdre sa vie à la gagner."
Henri David Thoreau

Quand à force de "gagner" sa vie, on se rend compte qu'on n'a plus le temps de la vivre, on mesure bien l'absurdité du monde que nous nous sommes créé, basé sur l'avoir, le paraitre et finalement... le "mal" être...
C'est un constat aisé, il suffit d'ouvrir les yeux autour de nous : nous sommes nombreux à passer à côté de ce dont nous avons réellement besoin par manque de temps... et pour une fois, je n'accuse pas le temps.

Le temps n'est pas responsable de tous nos problèmes d'emploi du temps, non... ce sont nos choix de vies et de priorités qui sont à blâmer. Personne ne peut échapper à la société de consommation dans laquelle nous sommes embarqués, et pourtant, je ne crois pas qu'il puisse exister de vrai bonheur matériel s'il n'est pas accompagné d'une paix intérieure...
La paix intérieure ne se monnaye pas, elle s'éprouve...
Elle s'éprouve par un goût de la vie ressenti, par une valeur qu'on sait à la fois donner et mesurer...

Quelques mots qui me trottent dans la tête, un certain Boris Vian qui chanta en son temps une chanson restée en mémoire : "Le déserteur"... tant il est vrai qu'entre deux aberrations, on est toujours forcé de choisir la moindre, et qu'en pastichant, je serai tenter de dire "S'il faut hypothéquer son temps, pour s'acheter une vie, c'est bien trop cher payé, pour ne vivre qu'à demi !..."
Le déserteur se trouve dans cette position moralement inconfortable, par laquelle il se pose en coupable de ne pas vouloir être victime, et dans nos vies bien cadrées, on passe par la même amoralité quand on a le sentiment qu'on perd sa vie à force de la gagner... "Je ne veux pas gagner ma vie, je l'ai !" (Boris Vian)

Pour ceux qui vivent avec l'attente de leur paradis post-mortem, épargner leurs vies sur l'autel de la besogne vaine et vénale, peut être un moyen comme un autre d'effectuer leur "peine terrestre", mais pour ceux qui n'y croient pas, le non sens d'une telle manœuvre vient spontanément à l'esprit sans qu'on ait à y réfléchir...
On ne peut accepter le prix que de ce qui nous apporte de la valeur, or on inverse la logique, en soldant notre valeur pour un prix qui n'en vaut pas la peine...
La valeur de la vie ne s'estime pas au CAC 40, et entasser les stock options pour plus tard, c'est prendre le risque qu'elles n'aient plus de valeur le jour où on pourra enfin les débloquer... mine de rien, c'est un phénomène qui n'a rien d'inédit...

Gagner sa vie, pour beaucoup nous en sommes réduits là, mais nous ne nous réduisons pas à cela... et il faut savoir ménager, et la chèvre et le chou, pour que la chaine alimentaire de la vie, tout en étant respectée, nous permette de déguster plus que de simplement de nous nourrir...
C'est un leurre du langage que d'employer cette expression "gagner sa vie", alors même que nous ne gagnons que notre confort ou notre survie...

Sans prôner l'anarchisme ni la mendicité, il faut bien admettre que le système est ainsi fait, qu'il nous tient pieds et poings liés tant qu'on acceptera de placer les valeurs capitalistes comme balises repères dans nos vies.
Et quelles alternatives alors ?... Se faire une raison, alias se demi-lobotomiser pour ne pas songer à toutes ces choses à côté desquelles on est forcés de passer... Accepter que la vie est une somme de libres choix, et qui dit choix dit équilibre d'une balance dont on peut choisir les mesures de référence... Trouver ce qui nous fait vibrer, et le moyen pour que cette vibration nous procure les moyens de notre subsistance... Autres propositions à la discrétion et à la convenance de chacun...

Les erreurs, on peut toujours y remédier... à condition, naturellement de s'en apercevoir... à temps...

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