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EMBARQUEMENT IMMEDIAT...
3 octobre 2009

Entre nous...

" On devrait toujours écrire comme à un très vieil ami."
Jean Claude Pirotte

Quand on écrit à un très vieil ami, les mots prennent spontanément un chemin intimiste... On n'écrit pas pour convaincre, on ne se cache pas derrière les mots... On écrit juste pour se dire, on écrit "juste"...
Juste, dans le ton... Juste, on ne (se) ment pas...
Et cette écriture, qui vient et retourne au cœur, porte en elle une puissance infiniment plus grande que toute littérature travaillée...
C'est cette justesse de ton, cette intimité partagée qui est susceptible de toucher le lecteur... parce qu'on a tous besoin de sentir l'humanité de l'autre pour y prêter oreille attentive...
Si l'on peut parfois être admiré pour la force qu'on a développé, c'est toujours par nos fragilités que l'on touche...

Mais ce qui freine cette écriture, c'est l'auto-censure que dicte la pudeur...
La pudeur de soi, la pudeur des mots... il est difficile de mettre sur place publique tous ses doutes, ses peurs et ses blessures... et de s'exposer ainsi en confiance...
On projette toujours le jugement qui sera porté, on veut bien tout dire mais sans trop en dévoiler... parce qu'on n'aura jamais le monde entier en amitié...
Un vieil ami... ça prend du temps pour en arriver là...
ça prend du temps, de la confiance et beaucoup de mots...

D'expérience je sais, que les mots qu'on offre avec sa sensibilité tout à fait personnelle, et que personne d'autre ne pourrait construire de la même façon, ces mots jetés du fond de nous comme une confidence, et qui atteignent tout droit l'intimité de celui qui les reçoit en écho à ses propres détours, font véritablement mouche.
Quand le lecteur "reconnait" dans ces mots ce qu'il peut lui-même ressentir, inévitablement il est conquis.
L'identité d'écriture, comme toute identité est unique, et même en plagiant, on n'arrive jamais au même résultat que l'auteur qu'on veut imiter...

Mais on ne peut pas toujours écrire comme à un vieil ami... parce qu'on n'a pas envie de se livrer au monde entier... L'écriture comporte évidemment une part d'exhibitionisme, qu'on contrôle par les mots qu'on superpose les uns sur les autres... qu'on peut effacer, raturer, remanier... à l'infini...
Il faut la plupart du temps distinguer l'auteur et ses mots, c'est-à-dire la distance qu'il met entre lui et son écriture, comme une couche de protection...

Et puis il y a des moments, des instants dans lesquels on sent que notre force est dans nos fragilités... et d'autres où, fragiles, on tente d'exposer sa force pour s'auto-supporter et regagner notre propre confiance...
L'écriture est un jeu de miroirs où l'on ne sait pas toujours où se trouve le miroir et où se trouve le sujet...

Au jeu de l'écriture comme au poker, le bluff est un art qui se pratique sans culpabilité aucune...

......                                            les lettres perdues....

 

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