Là... dans notre intérieur...
" Notre corps est notre première maison. C'est notre premier appartement thérapeutique. nous avons à y guérir nos propres blessures et nous y guérissons en même temps les blessures du monde."
François Vigouroux
Notre corps est bien le théâtre de nos émotions, et la façade de notre théâtralité... Nous y jouons notre vie comme se jouent sur scène les comédies et les drames d'auteurs identifiés ou inconnus...
Il y a des corps "espaces" comme des corps "prisons", des corps "plaisir" comme des corps "douleur"... des corps qui suscitent le désir, des corps qui suscitent le dégoût... des corps qui dégagent une énergie, et d'autres qui suintent la souffrance...
La posture corporelle a son langage et dévoile bien des traits de caractère, ou des traces de notre histoire...
Comme le langage verbal qui s'apprend, le corps aussi se forme à l'école de la vie... et grave en ses chairs, notre façon d'être au monde, naturelle, apprise ou subie...
Notre corps a ses instincts, ses réflexes et ses réactions prévisibles, selon les lieux, les gens et les circonstances. On peut essayer de le contraindre, mais "chassez le naturel, il revient au galop...". Sans surveillance constante, notre histoire reprend ses droits : la mémoire du corps semble être beaucoup moins flexible que notre mental...
Nous ne pouvons contraindre notre corps à ressentir ce qu'il ne ressent pas, ou à nier ce qui l'atteint, même si l'inconscient joue bien sûr, son rôle aussi... Parce que, ce n'est pas parce que nous n'avons que peu de porte d'accès vers notre inconscient qu'il faut le classer comme non influent sur notre physiologie, voire notre morphologie...
Il arrive qu'on ait du mal à ressentir notre corps comme nous appartenant, qu'on s'y sente comme étranger, empaqueté dans un tissu d'os et de chair qu'on porte comme un fardeau plutôt que comme un cadeau, qui nous transporte comme une diligence rustre et bringuebalante, plutôt que comme un paquebot voguant sereinement au fil de l'eau ...
Nous ne pouvons pas tout sur nos corps, mais nous pouvons accepter que ce véhicule d'emprunt nous est toutefois indispensable pour voyager à travers cette vie...
Notre corps sait nous envoyer ses signaux d'alarme, quand il se sent dans l'irrespect de son importance pour dérouler notre vie, comme il sait aussi nous envoyer ses signes de bien-être quand il reconnait les circonstances propices à sa reconnaissance...
Le corps est parfois l'interprète réel de l'inconscient, et par là une voie d'accès royale vers nos petits et grands maux imaginaires...
Oui... on peut le qualifier d'"appartement thérapeutique"... parce qu'il ne peut être classé parmi les choses "immobiles", il se forme et se transforme tout au long de notre cycle vital. En ce sens, nous changeons par époque... d'appartement...
Les cicatrices, visibles et invisibles, que portent nos corps, sont là pour nous rappeler les blessures qu'on a enduré, pour s'en souvenir mais surtout pour en guérir, c'est-à-dire accepter de les reléguer au passé, même si on les garde en mémoire... et s'apercevoir que les cicatrices, ça n'empêche pas de vivre, qu'accepter n'est pas oublier, mais se libérer d'une emprise qui blesse encore bien plus que la souffrance initiale...
Soyons de bons locataires : respectons l'endroit et maintenons-le autant que possible en bon état !...
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