La spirale du temps...
Quand
j’étais plus jeune, j’écrivais au marqueur noir
Sur les murs
de ma chambre, toute ma difficulté d’être.
Mes parents ont
changé la papier peint… fermées mes fenêtres…
Ca leur
faisait tellement peur tout ce désespoir écrit en noir…
Ca
leur faisait tellement peur de pas pouvoir comprendre…
Alors
j’ai continué à écrire, mais j’ai caché tous mes maux
Et
je n’ai plus recouvert que mes murs intérieurs avec tous ces
mots
Que personne n’avait envie d’entendre…
J’ai
grandi dans le silence, d’un brouhaha intérieur intense.
Mais
rien ne filtrait au dehors… Invisibles les choses qui
dérangeaient,
Invisibles les questions sans réponses, invisibles
mes errances
C’est difficile de se sentir étranger dans un
monde si parfait…
Mais le temps joue gagnant pour les enfants en
devenir,
Qui rêvent qu’on leur laisse créer le monde dont ils
ont besoin,
Libéré des fantasmes des grands qui n’y
comprennent rien.
On en arrive tout de même à grandir tout en se
sentant rétrécir…
J’ai
protégé mes rêves en les mettant à l’abri de tous les
regards,
A l’abri de tous les jugements, enfermés à double
tour,
Dans une forteresse blindée, indifférente à tous
secours
Impossible à atteindre, impossible à dompter, libre de
mes espoirs.
On nous trace dès le début une sorte de chemin, de
portrait robot,
Auquel il faudrait ressembler, comme une sorte de
point de repère
De ce qu’on attend de nous, une espèce de
vision de missionnaire
Qui nous suit et nous colle à la peau…
J’avais
peut-être pas les bonnes chaussures pour suivre ce chemin là,
Je
m’en étais tracé un tellement différent, à suivre pieds nus,
En
s’écorchant souvent les pieds à des aspérités
inattendues.
Parfois je m’y suis perdue, mais je me guidais
toute seule sur celui-là…
A force de se perdre, on arrive à
oublier ce qu’on cherchait
A
naviguer en solitaire si loin des ports de plaisance…
On se sent
déboussolé, un jour, on jette l’ancre avec au bout notre
différence,
Pour la noyer à jamais dans un conformisme moins
inquiet…
Mais
la mer rejette toujours sur le rivage ce qu’on y jette,
Dans ses
éclats d’écume, au plus profond des tempêtes,
Rejaillissent
quand même ces réminiscences de quêtes
Et dans un grondement
sourd, elle nous les renvoie à la tête.
Et l’on se retrouve à
nouveau là, sur le même chemin,
A reprendre ses valises encore
une fois, à la rencontre d’un destin,
Qu’on
n’imagine toujours pas clairement, mais qui revient
Immanquablement
nous bousculer, et nous prendre par la main
Et on continue... à grandir...
...L.W... 8 octobre 2006
... ... Les lettres perdues...