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EMBARQUEMENT IMMEDIAT...
28 mars 2010

En mains propres...

" Je voudrais bien être la lettre d'amour que j'envoie ce matin à celle que j'aime."
Félix Leclerc

Les lettres d'amour transportent, avec elles, tous les mots que l'absence ne peut entendre...
Timbrées à l'émotion, elles se glissent en boîte, et partent pourtant seules, porter leur bonne parole... pendant que nous restons là, vidés des mots dont la réalité qui nous habite, se ressent parfois douloureuse, cruelle ou injuste...
On n'écrit guère de lettre d'amour à ceux qui partagent notre quotidien...
A tort certainement d'ailleurs...

J'ai imaginé que je faisais le voyage, tapie au fond de l'enveloppe, et voilà ce que j'ai entendu...

"J'aimerais bien être la lettre d'amour que je t'envoie ce matin... et me retrouver là, au creux de tes mains, prête à m'ouvrir à toutes tes interrogations... Je voudrais bien être celle-ci, sur laquelle ton regard se portera, et à laquelle sûrement... tu souriras...
Je sentirai, à la course de tes yeux, les battements de ton cœur tout contre mes mots, et à ton tempo de lecteur, ton plaisir de ressentir à ton égard les douceurs de ma plume, quand elle a envie de caresser bien plus qu'un vélin...
J'y ai glissé tous les mots que j'avais au bout de mes doigts... faute de pouvoir faire glisser mes doigts sur toi jusqu'au bout de mes envies...

Il y a toujours comme une sorte d'impudeur à écrire, à graver en couleur sur support recyclé, ses sentiments présents, livrés à l'intemporalité de l'écrit, qui survivent ainsi à l'instant bien plus que la parole ne le peut faire...
Souvent mes mots se taisent, souvent mes mots se retiennent...
Et pour une fois qu'ils se libèrent, je ne serai pas là pour les accompagner ?...
Oh, je voudrais être cette lettre, et porter de concert avec elle, la petite musique de mon cœur, que j'ai transposée en prose mineure, pour que tes yeux en la déchiffrant, perçoivent le rythme de mes sentiments... comme une valse d'amour qui martèle de ses basses, les trois temps de chaque mesure, sur ces trois syllabes qui te murmurent : je t'aime...

Faut-il que je t'aime, pour te livrer ainsi, tout le bruit de fond de ma pensée, que souvent mon silence et ma pudeur te dissimulent... Faut-il que tu me manques, parfois, pour que je déroule ainsi le fil de mes aveux...
Rien que pour toi... Oui, ils sont bien pour toi, ces mots qui fusent, au son feutré de la mine qui court sur le papier...
A toi et aussi à moi un peu... parce que c'est quand même mieux, si pour les partager... on est deux dans ce "nous"...
Nous...  comme la première personne d'un pluriel que j'apprends à conjuguer à tes côtés...
Ki supporte malgré tout, quelques fautes d'orthographe et quelques erreurs d'accords..."

Et puis, je n'ai plus rien entendu... parce que je me suis rappelé qu'il était indécent d'écouter aux portes...
Et que s'il en était aussi de la sorte, en ce qui concerne les enveloppes, je me suis dit qu'il valait peut-être mieux que j'en sorte, et que je la laisse achever son voyage sans escorte...
Les lettres d'amour, après tout, n'ont pas besoin qu'on traduise leur discours...

... ...

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