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EMBARQUEMENT IMMEDIAT...
2 février 2010

Traduction lectorale...

" Lire, pour le vrai lecteur, ne serait-ce pas traduire une langue autre en la sienne ?"
Robert Sabatier

Au-delà de la syntaxe et de l'assemblage des syllabes qui donne sens aux mots, la résonance que l'on ressent à la lecture de textes, vient indéniablement de l'appropriation qui s'opère, du sens que l'auteur a voulu y mettre, jusqu'à celui qu'on comprend... La traduction se fait naturellement pour que les mots nous parlent...

Evidemment il y a des styles qui se prêtent moins que d'autres à "traduction" : les articles de journaux à visée purement informative, doivent être écrits de façon à limiter cet inévitable travail de transfert, que tout lecteur active pour faire chemin jusqu'à la compréhension... voire jusqu'à l'émotion.
Mais le romancier, ou pire, le poète, joue sans conteste, avec cette interprétation qui sera faite. Parfois délibérément le sens peut prêter à confusion ou à interprétations multiples : le lecteur devient libre de choisir en fonction de lui, ce qu'il lira véritablement... ou ce qui restera dans le flou.
Les explications de textes qu'on nous fait faire à l'école le prouvent bien : tout texte est expliqué en fonction du lecteur... et comment peut-on affirmer que l'un aurait plus raison que l'autre, quand c'est par la sensibilité qu'on extrapole le sens ?...

L'écriture n'est pas une langue étrangère, elle tendrait même vers une recherche d'universalité quand elle mène aux confins de l'humain, mais l'universel n'est pas un cadre étroit et défini... Ce que l'on a tous d'universel, c'est cette capacité à ressentir personnellement : c'est notre singularité qui est universelle...
Et on se trompe de définition quand on essaie de bâtir des normes en ce domaine...

Le lecteur est polyglotte et lit à différents degrés, une belle histoire qui le fait rêver, une émotion qu'il ressent, de nouvelles connaissances qu'il acquiert, des pistes de réflexion à suivre selon ses humeurs... Le lecteur ne peut pas être cantonné à la volonté de l'auteur, il ne peut être asservi à ce que les mots suggèrent : son cerveau lui appartient, et il peut actionner à sa guise l'hémisphère droit ou le gauche, suivant qu'il veut suivre une logique qui ne lui appartient pas, ou trouver lui-même son fil rouge pour suivre l'histoire...

Il y a des mots, des phrases que l'on rencontre par hasard, et qui nous ouvrent des portes d'accès vers des réflexions qu'on n'aurait pas imaginées... sortes de clés magiques qui ne sont jamais des passe-partout, mais qui constituent pour chacun, le trousseau personnel de ses appartements secrets...
Le lecteur ne cherche pas à se gorger de mots, mais bien à trouver ce qui pour lui, est "parlant"... L'évasion de la lecture tient bien plus à ce que l'on fait des mots, qu'à ce qu'ils signifient vraiment dans le Petit Larousse...

C'est le lecteur qui fait vivre les mots, l'auteur ne fait que les déposer à sa disposition...

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