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EMBARQUEMENT IMMEDIAT...
22 décembre 2009

Faire le vide...

" Souvent au lieu de penser, on se fait des idées."
Louis Scutenaire

Les idées s'imposent d'elles-mêmes, là où les pensées naissent d'une réflexion volontaire et suivie... mais on a tendance à confondre les idées parfois préconçues qui s'érigent comme des conclusions évidentes avec les pensées construites qui soupèsent tous les aspects d'un problème...
A cela un seul remède : faire le vide... pour repartir du bon neurone...

On le ressent comme une nécessité parfois : arrêter ce brouhaha silencieux qui nous emplit le cerveau et débrancher...
Se débrancher de tout contact avec la vie extérieure pour retrouver un calme intérieur oublié dans l'effervescence de nos vies quotidiennes...
Peut-être que j'emploie le "nous" sans raison, et que ce phénomène n'est pas aussi universel que je veux bien le penser... L'idée que je me fais de ce "brouhaha", et que je plaque sur ma réflexion comme une pensée aboutie n'est peut-être que le fruit de ma vision réduite après tout...
Alors je vais laisser le "nous" vivre ses particularités et me concentrer sur mon "je", fatigué et en manque de d'air, qui ne désire qu'une chose à l'instant présent : rien !...

Rien...
Comme un énorme besoin de faire le vide, le vide de tout, pour laisser finir cette année qui a traversé mon temps comme un cheval lancé au galop, et qui se retrouve là, au soir d'un 2009 presque déjà terminé en ayant la sensation de n'avoir pas eu le temps de prendre le temps de vivre selon mes désirs profonds.
Le bilan de cette année achevée est loin d'être négatif, j'ai aimé vivre 2009, autant que 2008 et que 2007, trois ans d'un rythme fou et trépidant qui continuent à donner à ma vie le sens vers lequel je me dirige... sans trouver le chemin si long que ça, et avec des étapes merveilleusement appréciables et enrichissantes...

Rien...
Pour faire aussi le point sur tous les évènements, les rencontres et les hasards de cette future année passée... A l'heure où chacun échafaude ses plans et projets pour conclure 2009 avec l'esprit et le cœur en fête, j'ai peine à me joindre à cet état d'esprit. Pourquoi devrait-on nécessairement se goinfrer et s'éclater parce qu'on arrive au bout du calendrier ?... Est-ce qu'on pense vraiment que cela doit donner lieu à ces orgies programmées ou bien est-ce seulement l'idée que l'on s'en fait d'après nos observations usuelles, qui nous poussent à vouloir festoyer de la sorte ?...

Rien...
Sauf l'envie de retrouver dans un silence, le chemin pour demain, sans être étourdie par un vacarme dont je ne me sens pas maître...
Sauf le besoin d'un retour aux sources, d'un grand ménage intérieur pour commencer 2010 d'un bon pied...

... ...

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19 décembre 2009

Du haut du plongeoir...

" Ecrire, publier, c'est comme aimer. On plonge les yeux fermés."
Jean François Somain

C'est drôle cette comparaison entre écrire, publier et aimer... mais après tout peut-être n'est-elle pas si mauvaise...
Ecrire, dans l'absolu, ne sert à rien dès lors qu'il ne s'agit pas de vouloir transmettre un quelconque savoir.
L'écriture "gratuite", sans but, juste pour la magie de voir les mots qui s'emboitent les uns aux autres former des phrases, issues de pensées dont on ignore même qu'elles étaient en nous, qu'apporte-t-elle ?...
Aimer "gratuitement", sans but, sans projection dans l'avenir, juste pour le partage d'instants qui se succèdent dont on ignore tout avant de les connaitre, se pose-t-on même la question de ce que cela nous rapporte ?...

Ce sont souvent les choses "inutiles" qui nous procurent le plus grand plaisir : ce que l'on fait par obligation ou par devoir n'a guère de saveur... Et si l'on prend cet angle de vue, on replace différemment la réelle importance des choses.
Ecrire comme aimer ne sont en général, pas des actes que l'on raisonne, mais des pulsions auxquelles on se soumet... avec abandon et plaisir, les yeux fermés sur la réalité temporelle, parfois même avec une farouche volonté de faire disparaitre l'intégralité du monde alentours...

C'est pour l'aspect pratique que l'on ouvre les yeux pour écrire, mais quand nous cherchons à rappeler quelque chose à notre mémoire pour  le retranscrire, force est de constater que fermer les yeux nous aide à y voir plus clair...
Quand on aime aussi, on se plait à fermer les yeux. Bien qu'on dise que les yeux sont les fenêtres de l'âme, peu de gens aiment à admirer le panorama à la fenêtre quand ils embrassent : fermer les yeux leur offre un paysage beaucoup plus vaste...

Ecrire est un plongeon de curiosité à la recherche de tous les mots qui nous habitent et qui nous traduisent le monde, comme aimer est un plongeon d'une autre sorte, dans un inconnu jamais prévisible, où on laisse à la surface la crainte de se noyer dès que l'on se sent fendre l'eau...
Dans un cas comme dans l'autre, c'est par le lâcher prise que l'on atteint les sommets : qui veut contrôler ses pulsions et ses impulsions, s'y met forcément des limites. C'est en s'éloignant de sa spontanéité naturelle, qu''à coup sûr, on se construit un univers maitrisable, rassurant et logique dans lequel on pourra, sans souci, faire pousser et grandir nos frustrations de ne pas pouvoir être ce que l'on est...

Il ne peut y avoir de vérité que dans le lâcher prise, parce qu'il n'y a qu'en débranchant le câble de la raison qu'on se met hors tension : c'est le désir de tout maîtriser qui crée le stress et l'angoisse pour la simple raison qu'il relève de l'utopie et qu'il nécessite une attention soutenue de tous les instants...
Lâcher prise, ce n'est pas se placer hors du champ de la conscience, c'est seulement rejeter le doute, la crainte et l'incertitude pour faire de la place à la magie, à l'intuition et à la fluidité de la vie... qui ne joue pas contre nous quand on la laisse enlacer nos envies, nos rêves et nos besoins...

Comme on parle d'inspiration quand on écrit... on peut parler d'intuition quand on aime...
Et pour l'une comme pour l'autre, on vit beaucoup mieux en n'y cherchant aucune explication... et en y plongeant les yeux fermés
...

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16 décembre 2009

L'indéfinissable charme de la fragilité ?...

" A une femme intelligente, il manque toujours l'indéfinissable charme de la fragilité."
Oscar Wilde

Drôle de phrase !... Sacré Oscar !...
L'intelligence rendrait-elle les gens invincibles ?... Quel rapport y a t-il entre intelligence et fragilité ?...
L'intelligence est un héritage qu'on reçoit à la naissance, et qui ne garantit aucunement de la force de caractère qui, elle au contraire, se développe avec le temps et l'expérience...

L'image de la femme fragile reste un stéréotype très présent dans la psyché masculine, alors même qu'il semblerait que les femmes ont une résistance au stress bien plus importante que les hommes... mais pour assouvir le besoin de protection de ces messieurs, les clichés se cultivent...
Bien sûr au plan physique, même s'il existe des femmes qui font exception, on peut trouver les femmes plus fragiles, simple question de corpulence... mais au niveau psychologique, la fragilité féminine est loin d'être évidente.

Fragile, on l'est tous... c'est inhérent à la nature humaine, et même à la nature tout court, et les différences individuelles ne résident que dans la manière de gérer cette fragilité, de l'exposer et de se protéger.
La vulnérabilité est loin d'être haïssable, c'est elle qui nous permet de rester humain, c'est-à-dire aussi, imparfaits et attendrissants. C'est notre fragilité qui nous rend accessible là où la supériorité affichée peut repousser, voire carrément rebuter.

La femme par son histoire, par la domination de l'homme sur le monde s'est vue rangée dans la catégorie des "faibles", et se doit donc de rester fidèle à l'image que les siècles ont dessiné autour d'elle ?...
Il ne faut pas confondre fragilité et sensibilité non plus...
La sensibilité reste une qualité assujettie à l'intelligence, mais la fragilité n'a rien à voir avec...
La fragilité n'a rien de négatif tant qu'elle n'est pas une entrave à la vie, naturellement...

A une femme intelligente, il manque toujours l'indéfinissable parité, qui lui permettrait d'être ce qu'elle est sans avoir à prouver sans arrêt l'égalité de ses capacités avec un homme, tout en assumant sa spécificité féminine.
Je ne connais pas les statistiques à ce sujet, mais il me semble que parmi les insatisfaits de la vie, les hommes qui aimeraient changer de sexe  sont beaucoup plus nombreux... Même s'il est parfois rageant de constater et de ressentir que même à l'aube de ce 21ème siècle, nous continuons à vivre dans un monde d'hommes, les femmes dans l'immense majorité se satisfont de leurs gênes... d'une part parce qu'elles savent qu'elles font partie de la chaine de transmission, et que porter et donner la vie est leur terrain réservé, et d'autre part parce que, aussi fragiles qu'elles puissent paraître, elles ne sont pas sans défense, ni stratégie compensatoire.

Notre fragilité est rarement la carte de visite que nous souhaitons tendre au monde, mais ça n'est pas parce qu'elle est dissimulée qu'elle n'existe pas. L'honnêteté n'étant pas la vertu qui gouverne le monde, nous préférons tous offrir une image forte, simple réflexe de protection... mais toute personne que l'on apprend à connaitre, et dont on gagne la confiance ne craint plus de se montrer telle qu'elle est, force et faiblesse comprises.

La fragilité des femmes est avant tout une invention des hommes... qui, avouons-le, nous arrange bien parfois quand même...

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14 décembre 2009

Le secret du bonheur...

" Le secret du bonheur et le comble de l'art, c'est de vivre comme tout le monde, en étant comme personne."
Simone de Beauvoir

Autant de dire que c'est à la portée de tout le monde... ou presque...

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11 décembre 2009

A la recherche de l'antonymie perdue...

" Mourir est tout au plus l'antonyme de naitre. L'antonyme de vivre reste à trouver."
Chris Marker

S'il n'existe aucun antonyme au sens propre, pour le verbe "vivre", il existe pourtant de multiples façons d'appréhender la vie de "façon antonyme". La façon la plus évidente, c'est peut-être la voie des "no life". On la conçoit généralement appliquée aux accros du jeu vidéo ou de l'internet, or c'est un phénomène plus généraliste qui peut concerner n'importe quelle activité que l'on exerce à outrance au détriment de ses relation sociales et sentimentales. Qu'il s'agisse de se consacrer en quasi exclusivité à son travail ou à Lara Croft, le résultat est le même : une vie qui se réduit à un monde rétréci...

L'antonyme de vivre n'existe pas, parce qu'il est difficile aussi de définir ce que signifie "vivre"...
Est-ce que vivre c'est se lever chaque matin et ouvrir les yeux sur un monde nouveau dont on sait qu'il aura, ce jour encore, quelque chose à nous apprendre ou à nous donner ?... Est-ce que vivre c'est juste respirer, manger, boire, dormir ?... Est-ce que vivre c'est marcher en direction d'un but à atteindre ?... Est-ce que vivre, c'est obligatoire ?...

Nous n'avons pas tous les mêmes besoins, les mêmes envies, les mêmes rêves...
Y a-t-il des buts ou des rêves plus louables, plus admirables, plus "vivants" que d'autres ?... Peut-on vivre sans but ?... Peut-on vivre sans désirer atteindre un certain bien-être que d'autres baptisent aussi "bonheur" ?... Peut-on respirer, manger, boire et dormir toute une vie sans en avoir envie ?...

Quand on regarde dans le rétro et que l'on considère ses jours et ses nuits déjà écoulées au compteur, est-ce qu'on a bien "vécu" tous ces jours, mois et années qui se sont entassés sans qu'on y prenne garde ?... Peut-on rattraper le temps de vie passé à n'avoir pas vécu si l'on s'en aperçoit ?... Est ce que dormir fait partie du temps de vie, ou est-ce qu'on doit le décompter ...

Ne pas vivre alors même qu'on est ici vivants, c'est aussi par exemple vivre dans le déni, le mensonge ou l'utopie : ne pas accepter la réalité telle qu'elle est, nous empêche inévitablement la vie comme elle est, et le déni conduit rarement à des développements ultérieurs positifs...
Ne pas vivre c'est aussi fermer les yeux en dehors des heures de sommeil sur tout ce qui nous incommode de la vie mais que nous pensons qu'il faut accepter parce qu'on n'ose pas chercher d'autres solutions...

Evidemment le "no lifing" est un concept relativement nouveau, mais la teneur n'en est pas nouvelle... quoique l'arrivée de la virtualité dans notre réalité tridimensionnelle ait pu en accroitre l'ampleur.
De tous temps, les gens qui se retranchent dans des univers de passion acceptent son pendant d'exclusion relative qui y est forcément rattaché. On ne peut vivre aucune passion sans se retirer du "monde", c'est même le propre de la passion de nous faire hiérarchiser différemment nos priorités en fonction d'elle...

Il n'existe pas d'antonyme au mot "vivre", parce qu'il n'existe pas UNE façon de vivre, et que même les "no life" ont une vie... juste que cette vie n'est pas accessible au autres...
Vivre, ça existe surtout au présent, au moment présent... et il est impossible de ne pas "vivre" tant qu'on respire... Soit on vit, soit on est morts... mais certains arrivent à continuer à faire semblant de vivre même si tout indique dans leur vie, qu'ils sont morts... des morts vivants dont l'ombre plane sur notre joie de vivre, qui elle-même à tout instant pourrait nous quitter... des morts clinique que plus aucun électrochoc ne pourra remettre en marche...

L'antonyme de la vie reste la mort... parce que la façon de vivre de chacun, de quelque manière qu'elle puisse être perçue de l'extérieur, n'appartient qu'à chacun...sans qu'on puisse juger si le verbe "vivre" y est suffisamment déployé sur tous les sens...

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10 décembre 2009

Les limites du pile ou face...

" Tout est hasard ou rien n'est hasard.
Si je croyais à la première possibilité, je ne pourrais pas vivre, mais je ne suis pas convaincue de la seconde.
"
Etty Hillesum

Si tout était hasard, la notion de responsabilité disparaitrait... Et même si nous avons parfois du mal à assumer nos responsabilités, nous nous retrouverions fort démunis si plus rien n'émanait de NOTRE responsabilité un peu comme une vie qui ne servirait à rien puisqu'on ne pourrait pas la conduire... nulle part... mais juste là où le hasard nous déposerait... par-ci par-là...

Penser que le hasard n'existe pas, c'est prendre un sacré risque aussi... celui de passer à côté de la magie de la vie...
Le hasard, il faut bien le reconnaitre, frappe souvent au moment opportun...
Quand on s'en rend compte immédiatement, alors on parle d'un "heureux hasard"..
Quand on n'en perçoit pas immédiatement les bénéfices qu'on en retirera, parfois on appel ça un "fâcheux hasard"...
Moi je crois, que le hasard, n'est jamais ni heureux ni fâcheux, ça n'a pas d'humeur un hasard...

Mais penser en ces termes, de responsabilité ou de hasard est réducteur : entre les deux il y a la réalité, sans cesse en re-création, et à laquelle chacun de nous participe individuellement... à sa façon de penser...
Ainsi les hasards naissent-ils de toutes ces créations individuelles qui se rencontrent, se télescopent ou se loupent...
Ce que nous appelons le hasard, c'est le déroulement imprévu des évènements suite à des éléments survenant de façon inopinée à un moment pas nécessairement choisi... rien de bien grave en somme...

Dans l'idée de hasard, comme pour l'idée de Dieu, ce qui gêne le plus souvent c'est qu'on arrive pas à se mettre d'accord sur les mots... Mais en fait on n'a pas besoin de savoir précisément ce que c'est, le hasard, Dieu, la mort, l'âme... pour y croire, on a juste besoin de sentir qu'il existe une sorte de globalité qui nous échappe... et que ce n'est pas parce qu''elle nous échappe et qu'on ne sait pas prouver quoi que ce soit, que l'on doit nier son existence : "Absence de preuve ne veut pas dire preuve d'absence"...

Nous interagissons avec le hasard inconsciemment, et souvent même nous collaborons...
en prenant un itinéraire que nous n'empruntons pas habituellement...
en ne faisant pas quelque chose qu'habituellement on fait toujours...
c'est-à-dire, pour faire simple, en faisant quelque chose de différent, qui nous sort de notre ordinaire ou au contraire en cassant notre "ordinaire" par un rituel non accompli, nous invitons le hasard à venir à notre rencontre...

Le meilleur moyen de se préserver du hasard est d'avoir un parfait contrôle sur tout : ne jamais lâcher prise surtout, de façon à limiter les intrusions possibles d'une réalité non maitrisée dans sa vie...
Et ça peut marcher !... mais quel ennui...
La façon la plus sûre de rencontrer le hasard reste néanmoins de partir à sa rencontre en n'hésitant pas à laisser la réalité nous entrainer plutôt qu'en essayant de la contrôler...
De toute manière, la réalité est inévitable...

Le hasard, c'est tout ce que l'on ne sait pas expliquer autrement, tout ce que l'on ne comprend pas...
Mais à la réflexion, même nos pensées relèvent du hasard...
Et... nos décisions de nos pensées et réflexions.
..
Méditons... Méditons...

......

Goethe, la vie, le hasard...

" Le hasard a des intuitions qu'il ne faut pas prendre pour des coïncidences." (Chris Marker)


9 décembre 2009

Les rendez-vous littéraires...

"Il y a toujours dans un livre même mauvais, une phrase qui bondit au visage du lecteur comme si elle n'attendait que lui."
Christian Bobin

Il y a des phrases comme ça, qui nous happent littéralement, et qui nous interpellent soit par l'interrogation qu'elles portent, soit par la résonance qu'elles ont en nous... parfois comme une sorte d'engrenage manquant qui enclenche alors dans sa suite toute une cascade de réflexion...
Le fait que l'on rencontre tous, au hasard, des phrases écrites "exprès pour nous", tend bien à prouver qu'on a tous en nous une part commune d'universel, qui est bien plus importante que nos différences individuelles relatives et subjectives...
On n'est pas tous coulés dans le même moule émotionnel certes, mais on a tous la même envie de vivre le mieux possible dans le meilleur des mondes que l'on croit possible...

Je me suis souvent demandé à quoi ça servait de lire quand le but n'est pas celui d'acquérir des connaissances nouvelles : lire pour se distraire... En fait lire, c'est un peu comme s'offrir un billet pour un voyage imaginaire... Il y a des livres qui plantent des décors tels, qu'à chaque fois qu'on les ouvre, l'image se rallume... ou l'atmosphère se recrée... Et lorsque tout à ce voyage, nous sommes soudainement rattrapés dans notre réalité par une phrase,ça nous interpelle, forcément !...

J'ai longtemps eu pour habitude de souligner dans mes livres les phrases qui m'interpellaient, parce que j'aimais pouvoir les retrouver facilement si j'avais envie de les relire...
Ces phrases relevées ont qui plus est, le pouvoir de garder en mémoire le contexte de cette rencontre entre des mots et un lecteur à un instant précis de sa vie. La phrase devient doublement porteuse d'un sens à la relecture : la phrase garde le sens qu'elle a, auquel s'ajoute le sens et les circonstances parfois du soulignement de cette phrase... les raisons de l'appropriation de la phrase par rapport à son propre contexte en parallèle à celui de l'histoire romancée, nous invite nécessairement à considérer des angles de vue différents...

Un jour j'ai vendu tous mes livres, y avait trop de phrases peut-être, j'ai eu besoin d'air... parfois elles me manquent... Et elles me manquent parce qu'elles étaient "mes" citations choisies à moi, des phrases qui me parlaient même si elles ne parlaient peut-être à personne d'autre... Les maximes de la Rochefoucault ou les Pensées de Pascal, ça va un petit peu mais, il y a toujours comme une conclusion à atteindre, une morale à trouver... La littérature a un goût de légèreté plus digeste pour l'alimentation quotidienne, même si pour l'équilibre, il faut consommer de tout avec modération...
On peut avoir envie juste de voyager sur un tapis de mots, pas de trouver quoi que ce soit...
On retrouve toujours un peu les mêmes citations partout, philosophiques ou proverbiales, mais on trouve aussi des sites plus hétéroclites et on sent rapidement à quel genre de "chercheur de mots" on a affaire, en examinant le choix des phrases retenues...

On a tous nos rendez-vous littéraires, personnels et particuliers...
ceux qui changent notre vie et les rendez-vous manqués aussi...
C'est parfois à la lecture de cette "phrase magique" quand on lit un mauvais livre qu'on comprend...
pourquoi il est arrivé entre nos mains...

Les mots aussi ont leur pouvoir créateur...

" Même quand les phrases ont l'apparence d'une citation, elles ne doivent à aucun moment faire oublier qu'elles s'appliquent à quelqu'un de particulier."
Peter Handke

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8 décembre 2009

Drapeau blanc... Feu !... Partez !...

" Le langage est la meilleure arme qu'on ait trouvé pour négocier sa place dans le monde."
Laurent Cantet

Le langage est négociation perpétuelle de la remise en jeu de notre place dans le monde...
C'est par le langage que nous traduisons au monde où sont nos frontières, nos rêves, nos envies...
Et le monde nous répond dans sa langue la réalité, le temps qui passe, et l'infini aussi...
Drôle de conversation entre deux inconnus en armure qui se mesurent...

Je négocie pas beaucoup ma place ici en ce moment... ni même ailleurs d'ailleurs...
Je crois que le silence, autant que le langage nous permet de négocier notre place dans le monde, parce que sans le silence de la réflexion qui le précède, le langage n'aurait pas cette précision de tir...
Le silence... ça permet de bien recentrer...

Et puis il y a tous ces mots "pour rien" qu'on échange aussi dans une journée : des mots gratuits !...
qui ne  servent à aucune négociation...
des mots pour ne rien dire, des mots utiles et d'autres non,
des mots imprévus, des mots surprenants,
des mots qu'on s'rappelle et des mots qu'on oublie...
des mots qu'en tous cas on échange dans notre vie, et qui à leur façon nous permettent de négocier notre place dans le monde, en tant que personne humainement en relation avec ses congénères...

Le langage, ça n'est pas que des mots, c'est aussi la façon dont on communique, l'écoute qu'on accorde ou pas, la volonté d'être compris ou pas, le désir d'échange véritable ou pas, etc...
Tout ça transparait dans le langage,
suivant si celui-ci s'exécute spontanément, c'est à dire sans se soumettre au filtre de la réflexion d'abord, ou de façon plus posée et réfléchie, c'est-à dire dégagée de l'émotionnel.

En forme de flèche ou de colombe, le langage nous ouvre un moyen d'accès au monde.
Chacun négocie selon ses armes, au poing, à l'arme lourde ou à  la flatterie...
Sans mauvais jeu de mot, tous les coups sont permis...
Mais si t'es touché, plein corps ou plein cœur, tu sors de la ronde...

Il faut faire bien attention que nos colombes ne se blessent pas à nos propres flèches... un lapsus est si vite arrivé... Les colombes sont au moins aussi utiles que les flèches...

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