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EMBARQUEMENT IMMEDIAT...
19 décembre 2009

Du haut du plongeoir...

" Ecrire, publier, c'est comme aimer. On plonge les yeux fermés."
Jean François Somain

C'est drôle cette comparaison entre écrire, publier et aimer... mais après tout peut-être n'est-elle pas si mauvaise...
Ecrire, dans l'absolu, ne sert à rien dès lors qu'il ne s'agit pas de vouloir transmettre un quelconque savoir.
L'écriture "gratuite", sans but, juste pour la magie de voir les mots qui s'emboitent les uns aux autres former des phrases, issues de pensées dont on ignore même qu'elles étaient en nous, qu'apporte-t-elle ?...
Aimer "gratuitement", sans but, sans projection dans l'avenir, juste pour le partage d'instants qui se succèdent dont on ignore tout avant de les connaitre, se pose-t-on même la question de ce que cela nous rapporte ?...

Ce sont souvent les choses "inutiles" qui nous procurent le plus grand plaisir : ce que l'on fait par obligation ou par devoir n'a guère de saveur... Et si l'on prend cet angle de vue, on replace différemment la réelle importance des choses.
Ecrire comme aimer ne sont en général, pas des actes que l'on raisonne, mais des pulsions auxquelles on se soumet... avec abandon et plaisir, les yeux fermés sur la réalité temporelle, parfois même avec une farouche volonté de faire disparaitre l'intégralité du monde alentours...

C'est pour l'aspect pratique que l'on ouvre les yeux pour écrire, mais quand nous cherchons à rappeler quelque chose à notre mémoire pour  le retranscrire, force est de constater que fermer les yeux nous aide à y voir plus clair...
Quand on aime aussi, on se plait à fermer les yeux. Bien qu'on dise que les yeux sont les fenêtres de l'âme, peu de gens aiment à admirer le panorama à la fenêtre quand ils embrassent : fermer les yeux leur offre un paysage beaucoup plus vaste...

Ecrire est un plongeon de curiosité à la recherche de tous les mots qui nous habitent et qui nous traduisent le monde, comme aimer est un plongeon d'une autre sorte, dans un inconnu jamais prévisible, où on laisse à la surface la crainte de se noyer dès que l'on se sent fendre l'eau...
Dans un cas comme dans l'autre, c'est par le lâcher prise que l'on atteint les sommets : qui veut contrôler ses pulsions et ses impulsions, s'y met forcément des limites. C'est en s'éloignant de sa spontanéité naturelle, qu''à coup sûr, on se construit un univers maitrisable, rassurant et logique dans lequel on pourra, sans souci, faire pousser et grandir nos frustrations de ne pas pouvoir être ce que l'on est...

Il ne peut y avoir de vérité que dans le lâcher prise, parce qu'il n'y a qu'en débranchant le câble de la raison qu'on se met hors tension : c'est le désir de tout maîtriser qui crée le stress et l'angoisse pour la simple raison qu'il relève de l'utopie et qu'il nécessite une attention soutenue de tous les instants...
Lâcher prise, ce n'est pas se placer hors du champ de la conscience, c'est seulement rejeter le doute, la crainte et l'incertitude pour faire de la place à la magie, à l'intuition et à la fluidité de la vie... qui ne joue pas contre nous quand on la laisse enlacer nos envies, nos rêves et nos besoins...

Comme on parle d'inspiration quand on écrit... on peut parler d'intuition quand on aime...
Et pour l'une comme pour l'autre, on vit beaucoup mieux en n'y cherchant aucune explication... et en y plongeant les yeux fermés
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